Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

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Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Thomas Munier » 09 Déc 2012, 12:54

Nous vivons une ère de divertissement.

Notre société n’a jamais consommé autant de culture et cette culture n’a jamais été aussi diverse.

Pourtant, pourtant, pourtant.

Pourtant consacrer son temps à une production créative, c’est se marginaliser.
Pourtant vouloir la diffuser relève du parcours du combattant.
Pourtant vouloir en vivre est un souhait indécent.

Je ne suis pas sociologue, je ne suis pas statisticien. Je parle de mon ressenti et je ne livrerai pas une série de chiffres. Je pense simplement que la culture est aux mains non pas des créateurs mais des diffuseurs . Le public, qu’il ait des goûts mainstream ou underground, hésite à consommer une culture qui ne lui ait été pas recommandée par la publicité ou la critique.

Je pense aussi que le modèle de diffusion traditionnel est structurellement destiné à enrichir les producteurs, éditeurs et distributeurs au détriment des créateurs de culture. Les détenteurs du capital monétaire au détriment des détenteurs du capital culturel.

C’est ce qui justifie mon choix de l’indépendance pour mes écrits en jeu de rôle et en littérature.

Le 1er septembre 2012, j’ouvre le blog Outsider. J’en fais une tribune libre sur le processus créatif et les stratégies de diffusion culturelle, avec un article invité par semaine sur le sujet. Tous les mois, j’écris un article sur mon propre parcours.
A cette occasion, j’autoédite un livre en trois versions.
Pdf gratuit, pdf augmenté payant, livre papier.
Vous avez bien lu, j’autoédite un livre par mois.

Nous sommes en décembre 2012, j’ai autoédité Musiques Sombres pour Jeux de Rôles Sombres (chroniques musicales / aide de jeu rôlistique), La Guerre en Silence (roman conspirationniste), Glossôs (nouvelles de SF folklorique). Ma série de suppléments Millevaux pour le jeu de rôle Sombre fera partie des prochaines parutions.
Depuis l’ouverture d’Outsider, je me considère comme double actif. Ingénieur salarié et auteur indépendant.

Mes priorités sont les suivantes :
* Publier un livre par mois la première année.
* Assurer moi-même la promotion de mes livres.
* Consacrer 80 % de mon temps à créer et seulement 20 % à promouvoir.

Ce que je veux apprendre de cette première année d’expérience :
* Est-il possible de dégager un revenu de la vente de mes livres ?
* Est-il possible de devenir auteur indépendant à temps plein ?

Je n’emploie pas le mot « objectif ». Se fixer des objectifs serait le plus sûr moyen d’échouer et de se décourager. Je veux tout simplement faire ce que je me suis interdit de faire avant :
* Employer tout mon temps libre à créer.
* Diffuser mes créations.
* Échanger avec le public au sujet de mes créations ou du processus créatif.

J’ai assez d’expérience pour démarrer et assez d’ignorance pour me lancer.

Pour réussir, la réussite doit faire partie de mes plans. Aussi je vois l’étude du processus créatif et de la diffusion autant comme une fin que comme un moyen. J’ai soif d’échanger mon expérience avec celle des autres indépendants. Qu’ils soient des créateurs amateurs ou des professionnels chevronnés. Je commence par le faire dans le milieu du jeu de rôle car je le connais bien. J’ai déjà un petit nom, je vois comment fonctionne le réseau et je maîtrise le modèle économique. En littérature, pour l’instant, je ne suis personne et je ne connais personne. Mais à terme, mes interrogations s’inscrivent dans un ensemble jeu de rôle + littérature.

J’ai développé mon propre modèle de l’indépendance. Sans doute ne convient-il qu’à moi. Sans doute s’avérera-t-il approximatif, faux, inconscient. Pour l’instant, il fonctionne. Je souhaite autant le rôder que le confronter à vos réactions. Il vous fera peut-être hurler. Je serai ravi d’entendre vos arguments et d’apprendre de votre propre expérience.

Ce modèle de l’indépendance s’appelle « Les Huit Zeros ». Zero est une abstraction, qui signifie souvent « le moins possible de ». C’est un modèle décroissant et minimaliste. Son principal moteur est le fait que j’ai derrière moi 15 ans de patrimoine littéraire et rôlistique à écouler. Je détaillerai prochainement chacun des huit Zéros dans un article dédié. Mais d’ores et déjà je suis à l’écoute de vos cris et de vos chuchotements.

Les Huit Zéros :

Zéro ordinaire
Zéro intermédiaire
Zéro délai
Zéro deadline
Zéro charge
Zéro pub
Zéro secret
Zéro besoin
Millevaux. Post-apocalyptique. Forestier. Sludgecore.

Outsider. Folklore personnel. Auto-édition (un livre par mois). Articles invités sur le processus créatif.
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Christoph » 14 Déc 2012, 23:11

Salut Thomas

À partir de quelle date comptes-tu ton activité en tant qu'auteur, par rapport à tes priorités et tes buts d'apprentissage ? Tu dis que le modèle fonctionne, comment est-ce que tu décides cela (je ne remets pas en cause ton succès, c'est vraiment pour comprendre comment tu le définis pour toi-même, ce qui est bien un des avantages de l'indépendance) ?
Combien vends-tu tes pdfs et tes livres, comment concilie-tu le fait que tu distribue une version pdf gratuite alors que tu essaies de voir ce que tu peux tirer comme revenu de cette activité ?

Conseil : détailler chacun des huit points risque de créer une masse de texte importante à lire, étouffant beaucoup de curieux. Je te conseille de plutôt développer tes points en fonction des questions rencontrées dans ce fil dans un premier temps, et si personne n'aborde un point cher, envisager d'ouvrir un nouveau fil.

Merci !
Innommable: hurlez.
Zombie Cinema, en français dans le texte.
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Frédéric » 15 Déc 2012, 11:53

Je trouve ton positionnement clair et enrichissant. Je me retrouve en partie dans tes partis pris, mais je pense que j'ai encore beaucoup de choses à améliorer dans mon propre modèle. Je n'ai pas de question pour le moment, mais ça me fait gamberger. ;)
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Thomas Munier » 15 Déc 2012, 12:48

Christoph,

Je ne comprends pas trop bien la première question, alors je vais faire plusieurs réponses : j'estime que je suis auteur depuis l'enfance. j'ai toujours créé des fictions et des jeux. En revanche, je pense que je produis du travail de qualité professionnelle seulement depuis que j'ai 15 ans. Je suis auteur auto-publié depuis 2008, date à laquelle je mets le premier PDF de Millevaux en ligne sur Terres Etranges. Je suis vraiment auteur à fond dans ma tête que depuis le 1er septembre 2012 (à l'âge de 30 ans). Je marque le pas en créant le blog Outsider, avec le pari d'autoéditer un livre par mois et le passage d'une mise à dispo gratuite à une publication hybride gratuite / payante. ça n'est pas tombé du ciel, j'y ai réfléchi avant. Tout mon parcours me guidait jusque là. Mais pour faire simple, je suis double actif salarié / auteur depuis le 1er septembre 2012. Avant, je ne t'aurais pas dit que j'étais auteur, je t'aurais juste dit que c'était une passion. Je ne me considérais pas comme "entré dans le jeu littéraire". (cf le livre dont nous parlais Fabien, La Condition des Ecrivains par Bertrand Lahire).


Pourquoi je dit que le modèle fonctionne ?

Car depuis que je me suis lancé il y a trois mois, il me permet de remplir mes priorités qui sont :
* Publier un livre par mois la première année.
* Assurer moi-même la promotion de mes livres.
* Consacrer 80 % de mon temps à créer et seulement 20 % à promouvoir.



Quand est-ce que je compte devenir un auteur à temps plein ?",

Idéalement un an après avoir démarré, soit le 1er septembre 2013. Mais ça n'a rien d'un engagement ferme. Je me donne un an pour tâter le terrain. Il peut se passer beaucoup de choses qui feraient évoluer ma stratégie. ça fait dix ans que je suis salarié, je suis habitué à la sécurité financière, même si mon opinion par rapport à l'argent a beaucoup évolué, je suis incapable de te dire si j'aurai le cran de franchir le pas. Ce projet d'être auteur à temps plein, c'est une boule de peur aussi, quand même. Par rapport à la sécurité financière et à l'image que tu envoies à tes proches. Je ne prétends pas avoir tout le recul nécessaire pour être sûr de pouvoir le gérer. Donc voilà, ces un an, c'est une période d'observation, un temps pour "habiter" la fonction d'auteur. A mon avis, je renoncerai à devenir à auteur à temps plein si j'avais trop peu de retours de lecture, trop peu de retour financier. Ou tout simplement si mon activité d'auteur me rendait malheureux.


Combien je vends mes pdf et mes livres ?

Je me suis fixé une marge de 5 € par livre et par pdf. Lulu ponctionne 20 % des marges que tu attribues à tes produits sur leur catalogue, donc pour toucher 5 € de marge, je dois augmenter le prix de mes ouvrages de 6.25 € par rapport au prix d'impression.
Pourquoi 5 € ? C'est très arbitraire ! Disons que ça me paraît une marge raisonnable dans un premier temps, et çà me permet de faire des calculs simples. (du genre je toucherai 100 € si je vends 20 bouquins). Je mets la même marge quelque soit le nombre de pages de l'ouvrage ou le temps de travail que j'y ai consacré.

Du coup, tous mes PDF sont à 6.25 €. Le prix des livres varie en fonction du nombre de page (qui impacte le prix d'impression). Ainsi, Musiques Sombres (format A5, 188 pages) et La Guerre en Silence (format poche, 221 pages) sont vendus 12 € HT (soit 5.75 d'impression + 6.25 de marge). Glossôs (format poche, 105 pages) est vendu 10 € (soit 3.75 d'impression + 6.25 de marge).

Comment je concilie le fait de vendre des PDF et des livres, et de diffuser des PDF gratuit en même temps ? Je propose une plusvalue sur les produits payants.
Musiques Sombres, le PDF gratuit, c'est du texte pur. Le PDF payant et le livre, c'est une version illustrée.
La Guerre en Silence le PDF gratuit, il manque la fin alternative (2 pages). Le PDF payant et le livre proposent la fin alternative.
Glossôs le PDF gratuit, comporte 4 nouvelles et n'a pas de couverture. Le PDF payant et le livre proposent une couverture illustrée et 3 nouvelles de plus.

On pourrait se demander, pourquoi les services que je propose en plus sont facturés 6.25 € ? Ben c'est arbitraire, pifométrique, au feeling. Il y a une part de mécénat par l'acheteur, une part de valorisation du travail supplémentaire par rapport à la version gratuite. ça ne me paraît pas déconnecté du marché, ça me permet de proposer des prix abordables. Un peu moins cher que les produits de l'édition traditionnelle mais pas tellement moins. (sur les livres, les prix s'envolent vite. Musiques Sombres, c'est 12 € HT, à la commande tu rajoutes 66 centimes de TVA + 4 euros de frais de port, on arrive à 16.66 €. J'avais la possibilité de faire une plateforme entre Lulu et Amazon.fr, du coup Musiques Sombres aurait été à 12.66 € sur amazon.fr. Pour l'acheteur, c'était rentable car sur amazon tu n'as pas de port sur les livres, donc ça lui faisait 4 € d'économie. Mais le problème c'est qu'amazon ponctionne au passage 30 % de la marge. Donc grosso modo, je ne faisais plus que 3 € de marge. J'étudierai prochainement la possibilité de vendre sur amazon.fr en shintant Lulu. Il me semble que c'est envisageable, au moins pour les ebooks. Je prendrai un de ces 4 le temps de me pencher là-dessus en détail.

Je me réserve le droit d'augmenter ma marge si ça marche bien. Mais 5 € ça me paraît un bon départ pour un inconnu dans le milieu. ça ne me paraît pas important de descendre en dessous. Je ne suis pas certain que ça me permettrait de vendre plus.


On peut imaginer que les versions gratuites me coûtent des ventes.

Je n'en suis pas certain. Je pense que celui qui consomme la version gratuite n'a pas le même profil que celui qui achète. En revanche, il peut acheter plus tard, ou un autre de mes produits, si il a été convaincu de la qualité de mon travail en consommant des versions gratuites. Je pense aussi que c'est bon pour ma réputation et pour ma diffusion. Je pense être davantage lu en proposant ces previews que sont les versions gratuites. Et je veux aussi permettre aux gens qui ont de petits moyens de profiter de mon travail. Ceux qui achètent régulièrement des livres finiront par acheter les miens si ils aiment ce que je fais.

J'ai eu une discussion avec Romaric Briand à ce sujet. Comme vous le savez, il a longtemps proposé Sens Renaissance en téléchargement libre, en parallèle il me semble avec une vente de livre à prix coûtant. Il a renoncé aux deux procédés à peu près en même temps. Il prétend que les PDF étaient téléchargés, mais pas lus, et impactaient négativement les ventes. Peut-être bien que sans les PDF plus de gens auraient acheté le livre de Sens pour ne pas le lire ! D'ailleurs, je prendrai le temps d'en débattre davantage avec Romaric car il me manque des détails pour bien comprendre sa décision.

On a eu une discussionsimilaire avec Saladdin au sujet de son jeu Songe. Je pense que les lignes ont un peu bougé. Les gens lisent plus les PDF qu'il y a 4 ans, quand Romaric a cessé de mettre ses PDF à disposition. L'essor des tablettes et des liseuses va encore faire grimper cette tendance. La sortie du Kindle Fire a un prix très concurrentiel, 200 €, avec des pubs à la télé, va a mon avis jouer un rôle. Et puis je veux faire les paris que mon expérience sera différente. Elle l'est déjà d'emblée parce que mon offre de proposer un livre par mois est originale. Je ne suis pas certain d'être le seul à le faire mais je dois être un des seuls.

Après, je manque de recul. Je sais combien de livres je vends, je ne sais pas combien de PDF gratuits sont téléchargés (j'héberge les fichiers sur le serveur Ubuntu One qui ne me donne pas de statistiques de téléchargements). Je manque aussi de retours de lectures. Néanmoins, je n'aurais pas bénéficié des avis argumentés de gens comme Dr Dandy si je n'avais pas mis une version gratuite de Musiques Sombres. Je ne suis pas certain que Dr Dandy m'aurait lu s'il avait du acheter le livre.


Waaa, ça fait une tartine.


Concernant ton conseil de ne pas consacrer un fil pour chacun des Huit Zéros, je m'interroge.

Déjà la réponse que je te fournis me paraît un peu indigeste. Je réponds à la fois à plusieurs questions sans rapport étroit entre elles. L'idée de détacher les 8 parts de mon modèle, c'est d'être plus clair en faisant le focus sur un aspect. C'est aussi une part de ma stratégie de promotion. Je veux me faire connaître en diffusant des articles, sur le blog Outsider, dans des revues, en invité sur d'autres blogs, et sur des forums tels que Terres Etranges et Silentdrift. Ces articles, je n'exclus pas de les compiler dans un livre au final.

Les forums, c'est bien sûr particulier, je suis là autant pour apprendre que pour me faire connaître. Et l'échange avec les internautes est beaucoup plus intense que via un article de blog. Mais si je fais un seul fil pour toute ma stratégie d'indépendance sur silentdrift, ça desservira la clarté de mon propos et ça ne sera pas cohérent avec mon choix de me faire connaître pour mes articles.


A Frédéric :


Merci pour cette remarque encourageante. J'avais besoin de poser sur le papier mon modèle de l'indépendance car je veux voir si je suis clair pour les autres, afin d'être aussi clair pour moi-même. Pour me lancer sur une telle aventure, j'ai besoin de faire le point sur mes valeurs et mes besoins et aussi de recueillir les impressions de ceux qui peuvent avoir une expérience ou une opinion différente.
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Lionel (Nonène) » 15 Déc 2012, 17:01

Salut Thomas,

Merci pour tous ces détails, je trouve très intéressant ton modèle mais je me pose des questions :

- Tu es le premier auteur sur ce forum qui parle ouvertement de ses intentions de vivre de ta création. C'est très ambitieux et je me pose des questions. Les auteurs de JdR francophones se comptent sur les doigts d'une main. Je connais également les contraintes financières de l'indépendance car j'ai une activité d'historien indépendant depuis quelques mois qui va se poursuivre encore.

Pour ma part, je suis Suisse et je ne connais pas le revenu minimum pour vivre pour un indépendant français. Pour ce qui est de ma situation, j'estime à la louche que le revenu indépendant mensuel minimum pour que je puisse vivre chichement est de 3500 CHF (2900 €) à 100% et 1750 € (1450 €). Comme historien, je demande le double.
Si j'appliquais ton modèle (5 € de revenu par exemplaire PDF ou papier vendu, une production par mois) à ma situation, ça signifierais que je devrais vendre 290 exemplaires en moyenne pour chaque ouvrage pour en vivre à 50% et 580 pour en vivre à 100%. Ces chiffres sont élevés (Recueil des Démiurges : 181 exemplaires (distribué en magasin, vente directe et présence sur grande quantité des conv durant une année) et j'ai connaissance d'autres chiffres qui me font dire que ça représente des ventes importantes). Les éditeurs "traditionnels" ont vraiment du mal à arriver à ces chiffres malgré une bonne distribution et une promo active.
Sans compter que le rythme d'une parution par mois, c'est vraiment énorme. Il faut être très productif et pour ma part j'aurais peur d'un peu bâcler le travail (j'ai des questions à ce sujet cf. plus bas).

Je sais bien que le coût de la vie n'est pas le même entre nos deux pays (et peut également différer d'une région à l'autre, c'est pas la même chose à Paris qu'en Province). Pourrais-tu donner une fourchette de revenu qui te semble nécessaire pour avoir un ordre d'idée de ton objectif financier ?

- Tu as fait le choix de lulu pour distribuer tes PDFs payants. Pourquoi ce choix alors qu'il existe d'autres solutions : créer toi-même la plateforme de vente (avec paypal ou autre) comme narrativiste.eu, d'autres plateformes de vente de PDF plus spécifiques JdR (DriveThruRPG utilisé par Di6dent et d'autres auteurs indépendants) qui permettrait de mieux cibler la clientèle (il me semble plus probable qu'un curieux tombe sur ton jeu sur ce site que sur lulu). On peut même imaginer que tu peux négocier un partenariat exclusif avec une boutique déjà existante, des gens que tu connais et apprécie, qui pourrait vendre ton PDF et/ou tes ouvrages papiers avec des conditions meilleures et qui mettraient tes créations en évidence (narrativiste.eu, minuit-dix.net, une librairie physique et en ligne proche de chez toi, Romaric Briand, Johan Scipion, etc.). Finalement, ceci est lié à ma question suivante sur les synergies.

Cette question peut également être liée à la première : si tu souhaites en vivre, tu devras vendre plusieurs centaines d'ouvrages PDF ou papier par mois. A 1.25 € par exemplaire ponctionné par lulu, ça signifie pour 200 exemplaires 250 € par mois et donc 3000 € par année. C'est une somme importante qui pourrait justifier de mettre en place ta propre structure donc pourquoi lulu ?

En fait, cette question m'interroge tout particulièrement car ton projet s'appuie particulièrement sur le PDF et que l'avantage principal d'une vente par lulu est l'impression à la demande. J'attends ton développement du Zéro Intermédiaire qui répondra sans doute à mes questions

- Ton projet s'inscrit en partie en osmose avec le projet d'autres (Millevaux -> Sombre). Mais j'ai l'impression que tu mènes ta barque de manière très individuellement (je me trompe sans doute) : tu fais une production par mois que tu mets en vente sur lulu et tu mènes ta promotion tout seul (20% de ton temps).

Mais est-ce que tu es vraiment seul ? As-tu d'autres personnes qui t'aident dans ta tâche ? Des fans, des partenaires ou des coauteurs qui vont faire de la promotion ou des ventes directes de ton jeu. J'imagine également que tu as besoin d'aide dans ta production (relecteurs principalement) qui sont-ils ? Sont-ils intégrés à ton projet, sont-ils rémunérés ? (j'ai cru comprendre que tu assurais également l'illustration et la maquette de tes créations donc la question ne se pose pas à ce niveau)

L'utilisation de Sombre te lie nettement à Terres étranges : payement d'un droit d'utilisation et ta production est un complément de ce jeu. Est-ce que Terres étranges s'engagera également à promouvoir ta production (parties démo, vente en convention, etc.) ou est-ce que ça se limite à une mention de ta production sur leur site et au versement des droits ?
Est-ce que tu vends des exemplaires de Sombre toi aussi ? Et fais-tu une marge sur une vente ?
Est-ce qu'il y aura coordination des sorties et des ventes de Millevaux et Sombre ? Car dans la situation actuelle si on veut jouer à ton jeu, on doit acheter Sombre par l'intermédiaire de Johan par mail (uniquement papier) et acheter Millevaux sur lulu. Ce n'est pas forcément évident pour le curieux.

(Pour ma part, je vais t'acheter Millevaux, essentiellement parce que j'aimerais avoir un univers et éventuellement des scénarios pour faire jouer Sombre que j'ai terminé de lire hier et que j'aime bien. Ce lien entre Sombre et Millevaux est une chose très importante pour la promo des deux produits car des gens achèterons Sombre pour Millevaux et vis versa. Mais pour l'instant, je trouve que les choses ne sont pas facilitées.
Si tu crée des scénarios Millevaux pour Sombre 0, je serai ton premier fan. Je suis prêt à payer 2 € le scénario en PDF. S'ils sont utilisables en classe, j'irais même jusqu'à 5 €)

- Ton projet en est à ses débuts et tu tâtonnes. Il se base sur un socle de 12 créations sur une première année de lancement. Il se base également sur des médias différents : supplément de JdR mais également des nouvelles ou des romans.

J'aimerais bien savoir comment tu organises tes sorties. Tu as plusieurs années de création derrière toi donc j'imagine que tu as pleins de choses en stock et que ton travail de cette année consiste surtout à les finaliser. Mais tu dois penser à l'avenir, les créations futurs de l'année suivante, imaginer de nouvelles cartouches pour la deuxième année. Ton rythme est très poussé (des éditeurs ont du mal à tenir à une sortie par mois même s'ils ont des auteurs qui écrivent pour eux, et Amélie Nothomb sort un roman par année et elle est considérée comme productive) et je me demande comment tu t'organises pour assurer un tel rythme sur la durée.

Ensuite, la création et l'inspiration ne se commandent pas. Il y a des jours où l'on peut écrire vite et d'autres où l'on est en panne sèche. Sans compter que l'on a besoin de temps également pour chercher de l'inspiration, le processus créatif est long. Comment estimes-tu ton fonctionnement créatif personnel et que considères-tu comme faisant partie de ce fameux 80% de création ?

De plus, tes créations seront forcément inégales, tant qualitativement que au niveau du type de sujet. Des ouvrages seront bon, voir excellent, d'autres moins. On voit bien que certains JdR indies se vendent deux fois plus que les autres chez un même auteur, même chose chez les romans, les ventes fluctuent selon l'ouvrage. Sans compter que certaines créations se vendent bien à sa sortie et d'autres se vendent également sur la durée.
Certaines créations auront un intérêt large d'autres auront un intérêt plus anonyme. C'est la problématique du livre de base (qui se vend 10 fois mieux) et des suppléments. C'est également le problème que les suppléments de contexte qui se vendent mieux que les scénarios (c'est des informations que j'ai pu glaner lors de discussion avec des acteurs du JdR). Sans compter que tu joues sur plusieurs médias (roman, JdR, réflexions sur ton fonctionnement économique) qui n'intéresseront pas exactement le même public.
Donc, est-ce que ces différences influencent tes sorties, ton organisation ou tes priorités ? Est-ce que ton modèle économique tient compte de cela et si oui comment ?

Est-ce que base tes sources de revenu de création uniquement sur les ventes ou est-ce que tu projettes de le compléter par des activités liées rémunérées ? Pour ma part, de tous mes revenus en lien avec le JdR sont des activités annexes : atelier de JdR en école (200 CHF = 170 € la journée), atelier de JdR avec un psychologue (300 CHF, 250 € le week-end). C'est peu mais ça permet d'avoir des extras pour mettre du beurre dans les épinards et surtout ce n'est pas du temps perdu dans la création car ça aide à l'inspiration.
Est-ce que tu es ouvert à la création sur commande, sur concours ou monter des projets subventionnés (qui n'impliquent pas forcément de lâcher ses droits et être édités par d'autres, donc de rester indépendant) ? De nombreux artistes vivent ainsi. Je sais qu'en Suisse, il existe des bourses à la création (rémunéré une année pour écrire un livre tout en gardant ses droits d'auteur et sa liberté d'édition).

Franchement, ton projet m'intéresse beaucoup et me semble intéressant. Tu sembles avoir mûri ta réflexion et je trouve que ton ambition est crédible. L'établissement d'une base de créations me semble très intéressante et est sans doute une condition sine qua non pour espérer en vivre.
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Thomas Munier » 15 Déc 2012, 20:38

Bonjour Nonène,

Merci pour ces réactions. Pour te répondre, je vais sans doute déflorer une partie des huit zéros. C'est sans doute ce qu'avait anticipé Christoph dans sa remarque. Mais après tout, mes positions auront forcément évolué quand je rédigerai les articles suivants donc ce sera quand même pas inutile de les écrire.

Avant de répondre point par point, je vais faire un point sur son système de décisions et d'apprentissage.
* Je préfère prendre une décision suboptimale plutôt que de ne pas prendre de décision du tout. Je commence avec certaines stratégies (1 livre par mois, 20 % de mon temps consacré à la promotion, les huit zeros...) et certains outils (le blog Outsider, Lulu.com)... mais je me réserve le droit d'en changer si ça s'avère suboptimal. Quand on y regarde de près, peu de mes décisions sont irréversibles et à moins d'être une formidable tête de mûle, l'expérience des autres me profitera et me poussera a changer telle ou telle méthode pour une meilleure.
* Je suis là pour apprendre mais je n'hésite pas à agir avant d'être devenu un expert. Chaque réponse sur silentdrift, chaque remarque d'une personne, chaque article des blogueurs que je suis peuvent m'apprendre une nouvelle chose que je mettrai ensuite en pratique. Par exemple, j'ai commencé par com internet en créant une page Facebook pour Outsider et en invitant des amis à "aimer". En discutant de communication virale avec Thomas Poussou (de la Cellule), j'ai appris que les rôlistes étaient pas mal sur Twitter et le Cercle des Rôlistes Francophones. Donc je me suis créé un compte sur ces deux réseaux sociaux et j'explore, petit à petit. L'avantage de cette méthode c'est que je consacre peu de temps à me documenter. J'attends que les gens viennent spontanément des remarques constructives. Et ça ne manque jamais d'arriver. A l'avenir, je n'exclue pas de m'adresser à des experts du service public ou des consultants pour des compléments d'information. Se documenter tout seul prend du temps et peut mener à prendre peur et renoncer à ses projets. Deux choses que je veux éviter pour l'instant.

Quel fourchette de revenu me semble nécessaire ?
En tant que décroissant et minimaliste, je dépense très peu. Pour faire simple, loyer + nourriture + forfait télécom + quelques déplacements. Et je vis en France, en province. J'estime mes besoins à 7 ou 800 € par mois, soit 9600 €. Je précise que je suis en couple, ma femme a aussi des revenus. Mais je suis d'accord avec Fabien quand il invite les auteurs à ne pas vivre aux crochets de leur proches. Donc c'est une estimation dans une optique d'être financièrement indépendant de mon épouse. Ces besoins évolueront peut-être en fonction des évènements de la vie (naissance d'un bébé, nouvelles stratégies décroissantes, abandon de ma voiture personnelle...).


Comment couvrir ces besoins ?

Conformément à ma méthode d'apprentissage, je n'ai pas épluché toutes les options en détail. Je peux juste te donner mes premières réflexions. D'abord, l'épargne. Je suis ingénieur salarié, donc je peux épargner. J'ai 8000 € d'épargne, ce qui m'offre déjà en théorie 10 mois d'avance. D'ici septembre 2013, je pense que mon épargne sera autour de 15000 €.

Ensuite, les ventes. si je maintiens cette marge de 5 € et que je vise 9600 €, ça fait 1920 ventes par an, soit 160 exemplaires par ouvrage. C'est à la fois ambitieux et curieusement faible. ça impose que je fasse des sorties de qualité et que sache me faire connaître. C'est pour ça que je me démène quand même un peu pour faire parler de moi. Je pense que si mon projet arrive à passionner suffisamment de personnes, si mon projet rend service à suffisamment de gens, ça finira par payer.

Tu proposes d'autres solutions (animation, projets subventionnés). Si je les écarte pour l'instant, j'ai en effet songé d'y consacrer du temps si je passe à temps plein. Consacrer un jour ou deux par semaine à la chasse aux subventions, aux animations, aux conférences me paraît tout à fait raisonnable et même une diversification salutaire pour continuer à prendre du plaisir à ce que je fais et rencontrer des gens. Je suis un animal social et je ne suis pas certain de bien vivre si je passe toutes mes journées tout seul à écrire.

Il y a des options encore plus new age, comme le mécénat (ou pourquoi pas des formules d'abonnement aux sorties made in Outsider ?). Mais on rentre dans des trucs très spéculatifs. Le dernier rapport d'Alias sur le mécénat de son Blog à Part par FlattR montre que les sommes sont ridicules et qu'au final, c'est plutôt une opération blanche. Et on parle d'un blogueur qui se pose là.


Le choix de Lulu
Il est possible que Lulu ne soit pas le choix le plus optimal, que ce soit pour la vente de PDF ou pour l'impression à la demande. Pour tout te dire, j'ai utilisé la plateforme que je connaissais le mieux car je voulais d'abord me lancer (cf ma méthode de prise de décision).
Des gens comme toi me font régulièrement des suggestions alternatives. Moi-même je découvre peu à peu d'autres débouchés. Donc qui sait ? Je migrerai peut-être vers d'autres plateformes. A moins que je crée la mienne, en effet.

J'y reviendrai mais je pense aussi que le principal frein pour les auteurs indépendants est l'absence d'accès aux boutiques. Qui sait ? Dans l'avenir je ferai peut-être appel à un distributeur ou je négocierai directement avec des libraires (ce que font déjà des romanciers indépendants en France). Il faut voir ce qui est possible. Mais tout peut arriver. On voit déjà des libraires négocier des ouvrages en impression à la demande avec des éditeurs alternatifs comme publie.net. C'est encore un peu nébuleux pour moi mais avec le temps viendront le réseau et les connaissances, donc wait and see. On peut imaginer des trucs encore plus fous, comme des assocations d'auteurs indépendants, capables de proposer tout un catalogue.

Tu évoques d'autres types de réseaux, comme des réseaux de démonstrateurs, des réseaux de vendeurs. Je ne dispose pas de cela pour l'instant mais je ne sais pas si ça verra le jour. Si j'ai un Zero intermédiaire, c'est parce que certains réseaux ou certaines filières (l'édition traditionnelle, en tête de ma liste) peuvent consommer plus de temps et/ou d'argent qu'ils n'en rapportent. Je ne parle pas de l'aventure humaine, mais bien du rendement temps / argent.

A quel degré Terres Etranges participera à la promotion de Millevaux ?

ça fait partie des choses qu'on n'a pas encore gravé dans le marbre avec Johan. Beaucoup de choses sont possibles mais dans l'absolu il y aura une collaboration. C'est dans l'intérêt de Sombre de mettre en avant ses suppléments. Toute considération sur le caractère des personnes mis à part, si Terres Etranges gagne de l'argent avec les ventes de Millevaux, elle a intérêt à mettre en avant Millevaux. ça peut passer par des ventes sur les stands, par l'annonce des sorties de Millevaux sur son réseau de communication, par de la communication sur Millevaux en convention, etc. Je peux déjà te dire que depuis 2008, quand Johan tient un stand de Terres Etranges, il a des flyers Millevaux et il parle de Millevaux. De même qu'il a toujours annoncé les sorties de Millevaux dans son réseau de communication (essentiellement une grosse tournée des forums).

Vais-je continuer à sortir un livre par mois la deuxième année ?

Je n'ai pas de réponse tranchée ! ça peut être possible si je suis à temps plein ! Je suis très productif parce que ça donne du sens à ma vie. C'est pas un choix, hein. C'est juste que c'est ce que mes tripes me disent de faire. Je suis très productif parce que je suis très organisé. J'ai passé deux ans à développer mes propres techniques de productivité suite à un suivi par une psychologue du travail et à un solide travail de biblio. J'y reviendrai en détail dans l'article que je sortirai sur Outsider le premier dimanche de janvier 2013. J'ai aussi développé des techniques pour booster ma créativité, c'est tout le sujet du blog Outsider.
Je cite l'article Wikipedia sur l'écrivain Georges Simenon :
"Simenon est en effet un romancier d’une fécondité exceptionnelle : on lui doit 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes. "

Mais bon, si jamais les ventes sont supérieures à mes attentes ou que je trouve des financements alternatifs ou que les sorties de la première année continuent à générer des revenus, je pourrai toujours baisser le rythme. Je ne m'interdis pas le changement, car une aventure aussi folle, ce n'est que du changement.

Concernant la qualité. Je ne peux pas être juge et partie. Je suis assez confiant mais quand même je peux pas t'affirmer avec certitude que je fais de la qualité (pour ce que ça signifie, d'ailleurs). Je peux te dire une chose par contre : si j'étais un perfectionnisme, je ne pourrais pas sortir un livre par mois. Aucun de mes livres n'est parfait. Car les livres parfaits mettent 20 ans à s'écrire. J'applique la Loi de Pareto : 20 % des efforts produisent 80 % des résultats. Je passe un mois pour sortir un livre à 16/20 plutôt que de passer 20 ans à sortir un livre à 20/20. Après, j'estime que mes sorties sont des ouvrages aboutis pour l'instant. Musiques Sombres pour Jeux de Rôles Sombres dit tout ce que j'avais à dire sur la sonorisation des jeux de rôle d'horreur. La Guerre en Silence a été lu et relu jusqu'à la corde. Glossôs a pris moins de temps mais ce sont des nouvelles, un exercice littéraire nettement moins chronophages que le roman.

Voilà je crois que ça fait déjà pas mal de grain à moudre pour l'instant.
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Lionel (Nonène) » 16 Déc 2012, 03:27

Thomas Munier a écrit :Quel fourchette de revenu me semble nécessaire ?
En tant que décroissant et minimaliste, je dépense très peu. Pour faire simple, loyer + nourriture + forfait télécom + quelques déplacements. Et je vis en France, en province. J'estime mes besoins à 7 ou 800 € par mois, soit 9600 €. C'est une estimation dans une optique d'être financièrement indépendant de mon épouse.
D'abord, l'épargne. Je suis ingénieur salarié, donc je peux épargner. J'ai 8000 € d'épargne, ce qui m'offre déjà en théorie 10 mois d'avance. D'ici septembre 2013, je pense que mon épargne sera autour de 15000 €.
Ensuite, les ventes. si je maintiens cette marge de 5 € et que je vise 9600 €, ça fait 1920 ventes par an, soit 160 exemplaires par ouvrage.


Heureux pays que vous habitez. Sans être à un niveau de vie décroissant, il est carrément impossible de vivre en Suisse avec 7 à 800€ par mois (c'est à presque le montant de mon loyer partagé avec ma compagne : 750 CHF par mois, 650 €.(j'ai un loyer raisonnable dans mon pays) Et bien, je dois avouer que tout ceci rend encore plus crédible/facile ton projet. Le chiffre de 160 exemplaires est tout à fait raisonnable si certaines de tes créations se vendent bien (500-600 exemplaires). Ca me permet de constater que la cherté de la vie influence de manière drastique les possibilités.

Concernant l'épargne, je trouve très intéressant que tu en tiens compte. C'est important car finalement tu comptes "investir" pour lancer la machine (c'est à ça que sert l'épargne). Tu comptes sur cette épargne pour assurer ta survie le temps que ton projet se lance et se pérennise, mais as-tu imaginé pouvoir investir une partie de cet argent pour imprimer tes exemplaires (et finalement éviter les intermédiaires chers) ? Demande des devis pour des tirages limités à des imprimeurs (ça ne coute rien) et fait un calcul. Peut-être que tu pourras épargner tes marges par rapport aux intermédiaires (lulu pour l'instant). Peut-être que je me trompe mais ça vaut la peine d'essayer (pour Romance érotique, j'ai obtenu des devis juste en envoyant un e-mail simple avec les caractéristiques techniques de mon livre).

D'une manière générale, je trouve vraiment cool ta démarche qui se veut prospective : tu ne te fermes aucune option et finalement ta première année se veut également comme une année d'apprentissage. Tu as raison de foncer et de prendre éventuellement des choix suboptimaux dans l'optique de les modifier si nécessaire. J'ai plutôt la mauvaise habitude de faire l'inverse.

Concernant ma question de la productivité, tu y réponds parfaitement. Je comprends mieux ta démarche et je trouve que si tu parviens à suivre un telle rythme, je t'envie. Comme avec ton exemple de Simenon, je suis d'accord que c'est possible mais tu avoueras que ce n'est pas à la portée de tout le monde. Pas à la mienne en tout cas...

Tout ceci m'a l'air très intéressant, je suivrai tes prochains posts qui détaillent les huit zéros avec intérêt. Merci pour ta réponse.
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Thomas Munier » 16 Déc 2012, 11:45

Statistiquement, les Suisses sont bien plus heureux que les Français !

Plus honnêtement, c'est certain que les différences de coût de la vie entre nos deux pays font la différence pour les auteurs. La différence de TVA, la petite taille du marché national et le coût des frais de ports pour atteindre la francophonie vous rendent les choses difficiles.

Tu me suggères d'investir une partie de mon épargne chez l'imprimeur. En l'état actuel des choses, ce n'est pas une option que je choisirai, car je ne suis pas assez connu pour espérer écouler un stock à coup sûr. C'est une option qu'on pris un certain nombre d'indépendants. Ainsi, Footbridge s'est lancé en faisant imprimer un certain nombre de Bible du Meneur de Jeu. Mais je ne suis pas certain d'aimer le risque au point de tenter l'aventure moi-même. Il me faudrait au moins l'assurance d'un débouché en boutiques, et actuellement je n'ai pas la maturité nécessaire pour négocier ce genre de choses. Quand à acheter un stock pour l'écouler moi-même, c'est exclu car je suis un très mauvais vendeur et je fais très peu de conventions et je ne pense pas en faire davantage.

Mais comme je le disais, mes positions peuvent évoluer au terme de mon année d'apprentissage. Je pense que je serai déjà un peu plus fixé quand sortira Millevaux, qui sera certainement mon livre-vedette de l'année. (autrement dit, si Millevaux fait un four, je ne sais pas si le reste de mon catalogue rattrapera le coup).
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Lionel (Nonène) » 16 Déc 2012, 13:31

Merci pour cette dernière précision, je comprends tout à fait : tu préfères te concentrer sur la création et la promo sur internet. C'est sûr que si tu n'as pas de débouché en boutique et que tu te déplace peu en convention, les ventes "physiques" seront limitées. De plus, tu peux toujours faire des commandes groupées sur lulu comme Fabien Hildwein, ce n'est pas ruineux et même rentable comme on peut le voir avec Monostatos.

Concernant un éventuel modèle économique, ce n'était pas celui de Footbridge que j'avais en tête mais plutôt celui de Romaric ou de Terres étranges. Des petits tirages qui permettent d'avoir un petit stock de roulement et de promotion.
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Saladdin » 26 Déc 2012, 09:38

Thomas, au niveau légal, comment fais-tu ? Es-tu inscrit à l'AGESSA ? As-tu le statut d'auto-entrepreneur ? Comment fais-tu pour les cotisations sociales (retraite, sécurité sociale) ? Quelle portion de tes revenus est-elle ponctionnée de cette manière ?
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Thomas Munier » 26 Déc 2012, 15:26

Actuellement, je suis salarié. Je n'ai fait aucun statut pour mon activité d'auteur. L'année prochaine, je compte déclarer aux impôts mes revenus de vente. Je peux avoir des revenus de vente jusqu'à un certain niveau sans avoir à créer une entreprise. Je ne sais pas encore quelle est le montant plafond exact mais je compte bien me renseigner. Il me semble que c'est déjà une bonne somme.
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par mutos » 26 Déc 2012, 16:54

Thomas, sur le sujet il ya deux articles que j'ai trouvé sur internet qui pourraient t'intéresser si tu compte utiliser Lulu :

Régime fiscal des auteurs autoédités utilisant l'impression à la demande :
http://monhommeaufoyer-livre.over-blog.com/article-5245642.html

et Se faire payer ses revenus auteur par Paypal: comment ça marche :
http://monhommeaufoyer-livre.over-blog.com/article-5289445.html

ils datent de 2007, mais des liens pointent vers les documents source pour actualiser les informations.
mutos
 
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Saladdin » 26 Déc 2012, 18:25

Thomas Munier a écrit :Actuellement, je suis salarié. Je n'ai fait aucun statut pour mon activité d'auteur. L'année prochaine, je compte déclarer aux impôts mes revenus de vente. Je peux avoir des revenus de vente jusqu'à un certain niveau sans avoir à créer une entreprise. Je ne sais pas encore quelle est le montant plafond exact mais je compte bien me renseigner. Il me semble que c'est déjà une bonne somme.


Oui, là tu parles des impôts sur le revenu, mais sauf qu'au niveau cotisations sociales, ne faut-il pas payer aussi plein d'autres charges ? Si tu es ton propre salarié à terme, cela voudrait dire que tu vas devoir prendre en charge 100% des charges sociales au lieu de 40% (voir ici), non ? J'essaie un peu de voir ce que ça peut faire au niveau légal (pour ma part, je vais faire de la traduction cette année, et je ne sais pas encore comment gérer cela au niveau déclarations).

Car si tu comptes vivre exclusivement de tes oeuvres à temps plein, comment vas-tu faire au niveau sécurité sociale ? Cotisations retraite ? Tu vas être obligé de t'affilier à l'AGESSA, non ?
Saladdin
 
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Re: Les Huit Zéros, mon modèle de l’indépendance

Message par Thomas Munier » 27 Déc 2012, 16:19

A mutos : merci beaucoup pour les docs, je vais lire ça en détail à tête reposée.

A Saladdin : Je suppose en effet que si je deviens auteur à temps plein, je devrai adopter un statut et une mutuelle. Très certainement, je serai auto-entrepreneur. Mais je ne vais pas du tout pouvoir t'éclaircir plus que ça tout simplement parce que je ne me suis pas encore renseigné à fond sur le sujet.

En général, je pense qu'à un moment où à un autre, il faut consulter un ou des spécialistes. Lors de ma prochaine déclaration d'impot, je vais avoir des revenus créateur de lulu à déclarer, plus un peu de vente directe également. A ce moment-là, comme je travaille dans un centre de gestion-compta, je vais tout simplement consulter un de mes collègues pour m'assurer de ce qui est le mieux à faire.

Si les revenus commencent à devenir encourageants, je pourrai peut-être envisager de passer à temps plein. Dans un premier temps, j'irai voir ma psychologue / conseillère en droit du travail pour lui demander quel spécialiste il vaut mieux consulter en priorité. La France étant un pays où les charges peuvent plomber les activités libérales naissantes, j'aurai tout intérêt à réfléchir sur le meilleur statut et les options de défiscalisation et aussi les différentes aides de l'état que je pourrais obtenir.

Le premier lien mentionné par mutos donne déjà quelques pistes et propose une biblio livrant des conseils sur l'autoédition. A terme je chercherai sans doute à me procurer ce genre de livre.
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