Le débat (et le jeu présenté) était très intéressant.
Il se dégageait cependant une opposition qui amenait une conclusion en apparence paradoxale :
*d'un côté Thomas Poussou qui affirme (et je veux bien le croire) être parvenu a initier beaucoup de personnes en ne rencontrant que peu de réfractaires au JDR en utilisant des jeux traditionnels et parfois jugés complexes
*d'un autre Thomas Munnier qui pense nécessaire d'utiliser des jeux à narration partagées et minimalistes
Il ne me semble en fait qu'il faut dépasser l'idée que le JDR traditionnel est compliqué et que le JDR minimaliste est simple. Il faut simplement se rappeler que tous les joueurs n'ont pas le même rôle.
Dans le JDR traditionnel le rôle du MJ demande un effort très important mais les autres joueurs n'ont que peu d'effort de création à fournir.
Je suis rôliste depuis plus de 10 ans, j'ai été très majoritairement MJ mais depuis que j'ai goûté à des jeux à narration partagées permettant d'alléger l'effort créatif du MJ (en le repartissant) je me rends compte que je ne peux plus meujeuter dans des JDRs traditionnels sans avoir le trac ! S'il m'arrive d’enchaîner plusieurs parties par semaine qui me fatiguent moins que la moindre partie de JDR tradi que je vais meujeuter !
A l'inverse je joue actuellement à
Sens : Renaissance(jeu pourtant vu comme complexe) avec Vivien comme MJ et cela me rappelle comme il est reposant d'être joueur dans un JDR traditionnel.
A l'inverse, le JDR a narration partagée (cela m'a l'air d'être le cas de Marins de Bretagne) demande un effort minimum à chaque participant.
Je pense qu'à mes tables nous appliquons dans ce genre de jeu une sorte d'écoute charitable, on n'hésite pas à dire aux participants qu'il ne faut pas hésiter à faire des descriptions courtes, qu'il n'est pas nécessaire d'être grandiloquent, qu'on est pas là pour se juger mutuellement,etc. Il n'empêche que je connais plusieurs joueurs qui m'ont avoué craindre ces moments où l'on va se tourner vers eux et leur demander "alors vas-y décrit nous comment le culte de Monostatos étend son influence/ton personnage avait en fait tout prévu/ton attaque spéciale te permet de gagner le combat".
Il ne s'agit pas de joueurs particulièrement peu imaginatifs, leurs descriptions sont souvent de qualité et ne nuisent pas à nos parties. Mais ils sont stressés à l'idée de venir se soumettre à notre regard et à devoir décrire. Je ne suis pas certain qu'il soit possible de régler le problème en leur permettant de ne pas décrire (le problème n'est pas réglé quand on leur dit que cela ne pose pas de problème de peu décrire).
Il me semble important d'avoir des mécanismes permettant d'obtenir de l'aide dans la narration :
*dans Fiasco chaque joueur choisi s'il souhaite cadrer la scène ou laisser les autres joueurs le faire
*dans Prosopopée on prend la parole quand on le souhaite, on peut s'amuser en intervenant peu
*dans Polaris, la procédure en cas de manque d'inspiration est décrite précisément (on se tourne vers machin, puis vers truc, etc)
Je pense aussi qu'il y a un danger de la simplicité qui va souvent de paire avec une augmentation de la difficulté des descriptions.
Je trouve par exemple qu'un jeu comme
Il était une fois souffre de ce problème. Il est simple et en 5 minutes on peut lancer une partie. Par contre il est très difficile d'y raconter une histoire qui tient la route, parce qu'on est pressé par le temps (on est en compétition avec les autres joueurs) mais surtout parce que le jeu ne nous fourni finalement que peu d'éléments que l'on pourrait utiliser comme fondations de nos histoires (ces éléments sont plus des contraintes que des aides).
Je trouve que sur ce point Prosopopée est très impressionnant puisqu'il s'agit d'un jeu très court mais dont chaque élément aide énormément à la narration (le fait que les histoires racontent la lutte contre un déséquilibre entre les couleurs aide par exemple beaucoup à improviser des éléments de fictions, pareil pour le nom des Mediums). Je le trouve pour ma part beaucoup plus facile à jouer que des jeux pourtant plus simple comme
Il était une fois et
Baron de Munchausen(j'aime beaucoup ce dernier mais il s'agit véritablement d'une lutte d'improvisation qu'il est très désagréable de jouer avec des joueurs n'ayant pas le même entrainement).