C'était pendant la dernière partie de Démiurges que j'ai maîtrisée, l'un des PJ, joué par Anthony s'est retrouvé aux prises avec un PNJ opiniâtre, alors que les deux autres PJ attendaient ailleurs (joués par Cédric et Jérémie).
Je n'ai pas fait d'apartés, car je pense que cela poserait problème pour la suite du jeu où les PJ risquent d'être souvent séparés.
Donc les joueurs ont suivi toute la conversation, puis le PJ d'Anthony parvient à s'enfuir et se rend dans un bar pour passer un coup de fil à ses amis, les autres PJ.
Là, il dit : "bon, ben je vous raconte tout dans les moindres détails".
Et Cédric endosse le rôle de son personnage qui décroche le téléphone : "Allo François, alors, raconte-nous ce qu'il s'est passé !"
Et Anthony de répondre : "oh, ben c'est bon, je vous raconte tout, on ne va pas se refaire tout le truc, c'est chiant". (bon, je retranscris de mémoire, c'est donc grosso modo ce qui a été exprimé).
Ce qui m'étonne, c'est qu'à priori, la proposition de Cédric est tout à fait cohérente dans le mode simulationniste, que Démiurges, selon moi soutient.
Je ne suis moi-même pas fan du syndrome du perroquet, donc si les joueurs sont ok, j'aime bien aller à l'essentiel. Après tout, je n'ai jamais vu un film dans lequel, le personnage raconte intégralement à un autre une scène qu'il vient de vivre et donc que l'on connaît déjà.
J'ai donc l'impression qu'il y eu une dissension entre deux démarches créatives appartenant au même mode GNS : le mode simulationniste.
C'est à dire que l'un des joueurs apprécie la célébration de la fiction immersive pure, quitte à neutraliser complètement les mécanismes narratifs (tension, adversité, ellipses...) quand pour d'autres (moi en premier) ce n'est pas une source de plaisir. Même dans une partie simulationniste, j'ai besoin que ça pète, que mon PJ risque sa vie, j'ai besoin d'éprouver le monde et mon personnage par des difficultés, des problèmes, des galères pas possibles etc.
J'ai déjà eu d'autres joueurs, qui en début de partie avaient décidés de se rendre à un point de rendez-vous une heure avant ledit rendez-vous.
Ils ont commencé à papoter en pur roleplay. Si en tant que MJ je n'étais pas intervenu, ça aurait duré une heure de temps réel (c'était déjà plutôt long). J'ai donc forcé une ellipse, d'une part, parce que je me faisais chier et parce que je pense que le JDR a mieux à nous offrir que ces moments de simulation en roue libre.
Dans une partie de Delta Green, il y avait également une opposition sur ce principe de temps réel : quand on devait se rendre en voiture quelque part, certains voulaient utiliser le temps de trajet en voiture pour papoter et discuter de nos plans d'action pour les futures scènes. Alors que d'autres voulaient faire une ellipse et passer directement à l'action.
J'ai beaucoup de mal avec ce principe de roleplay en temps réel en JDR qui pour moi n'est pas porteur de plaisir. J'ai besoin que ça bouge, je veux du nerfs, du sang, du sexe et de la sueur ! (Bon, je ne parle pas de Prosopopée, c'est un cas particulier), choses que les moments de pur roleplay en temps réel ne m'apportent jamais.
J'ai donc l'impression que deux démarches créatives s'affrontaient au sein d'un même mode : du simulationnisme contemplatif et n'hésitant pas à s'attarder sur les détails de la fiction contre un simulationnisme fait de problèmes et de tensions qui te remuent les tripes.
Qu'en pensez-vous ?