Vision commune du JDR et originalité

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Message par Antoine » 17 Jan 2009, 00:04

Bonsoir !

Je pense que les gens se détournent du JDR pour différentes raisons, mais pas pour la diversification du médium.


Je suis tout à fait d'accord avec toi.

En fait, le JdR est (peut-être même a toujours été), d'un point de vue pratique, extrêmement monolithique. Il faut savoir qu'aux US, 60% du chiffre d'affaires est réalisé par Wizards of the Coast (chiffres de 2003) et que 2/3 des rôlistes déclarent jouer à D&D. Ces chiffres sont peut-être un peu inférieurs en France, mais je doute que la tendance soit foncièrement différente. D&D est sans aucun doute la seule entreprise qui ait une quelconque portée au-delà de notre micro-niche.

Ainsi la vision qu'a le grand public du JdR, quand elle est réaliste (je ne parle même pas de ceux qui croient que ça ne se joue que sur ordi, ou qui le confondent avec Magic, ou que ce sont des pratiques sataniques), se réduit à des gens qui tuent des monstres dans des couloirs pour acquérir des trésors, sur des parties qui durent des heures, voire "toute une vie" (ça, on y a droit à chaque reportage...).

Selon moi, c'est cette vision uniforme qui fait fuir le grand public. Une vision, qui, quand y pense n'est pas si éloignée que ça de la réalité : oui, la grande majorité des rôlistes jouent à D&D, et jouent de la même façon. Et en plus, la majorité des jeux publiés suivent le même format, s'entredéchirant impitoyablement pour le même micro-marché.

Bref, pour moi, c'est la "vision commune" du jdr qui est la source de son incapacité à sortir de sa niche.

Et pour être légèrement provocateur, je vois D&D comme la Caulerpa Taxifolia du jdr : l'identité du jdr est assimilée à D&D outrageusement dominateur, ce qui tue de fait tout intérêt que pourrait avoir les gens qui pourrait aimer le jdr "hors D&D".

Quand on pense à l'infinité d'aventures et de formats que proposent le JdR, il y a quand même du gâchis...

Antoine, à la niche.
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Message par Frédéric » 17 Jan 2009, 00:56

Wow, je ne connaissais pas ces chiffres, ça fait reconsidérer le pamphlet de Romaric !
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Message par Antoine » 17 Jan 2009, 01:33

J'ai bien fait de vérifié mes sources :
http://www.hubhobbyshop.com/press94.htm
http://www.hubhobbyshop.com/press95.htm
http://www.hubhobbyshop.com/press96.htm

WoTC a 45% (et non 60%) du marché. 60% ça doit être les produits d20.
Rien que ça... :-k

Antoine.
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Message par Frédéric » 25 Jan 2009, 02:35

J'y pense :
un pote d'esthane a écrit :Dans un jeu de rôle, en schématisant un peu, c'est le MJ qui s'occupe de la narration, le joueur se contente d'interpréter son rôle. Tu pourrais me répondre que c'est rare de voir quelqu'un bien interpréter son rôle, mais cela ne change rien. Bien joué ou mal joué, le joueur est limité exclusivement à l'interprétation de son rôle.


En réalité, dans Prosopopée, le véritable rôle des joueurs est celui de Peintre, le médium (PJ) n'est qu'un intermédiaire (comme son nom l'indique) entre le Peintre et la fiction.
Ces Peintres sont en réalité les divinités du monde imaginaire qui utilisent des avatars ou des incarnations pour résoudre les Déséquilibres de ce monde.

Donc en fait on se contente de jouer un rôle dans ce jeu, malgré son caractère quasi omnipotent.
Et cela n'est pas seulement une preuve de mon cynisme, mais une véritable réflexion sur la métaphysique "Briandienne" de Prosopopée, car je pense que ce choix renforce le "déni constructif" simulationniste en tant qu'il décrit également (mais donc pas que) la négation du fait que ce sont des gens réels qui font semblant de jouer des personnages dans une fiction. Ceci est la raison principale de la dimension lyrique de mes partis pris esthétiques concernant le texte du jeu ("des "Peintres" qui s'incarnent dans des "Médiums" pour peindre un "Tableau" par leur narration...).
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Message par edophoenix » 25 Jan 2009, 22:06

Antoine a écrit :Bonsoir !

Je pense que les gens se détournent du JDR pour différentes raisons, mais pas pour la diversification du médium.


Je suis tout à fait d'accord avec toi.


Moi, je dirais que c'est la diversité qui sauve le Jeu de rôle, au contraire : quel serait l'intérêt de publier une centaine de titres différents de JDR qui utlisireait exactement le même système de jeu ? L'intérêt serait au contraire qu'ils proposent les expériences les plus différentes et variées possibles, même si elles restent basées sur le principe du "rôlisme" - sinon, nous n'aurions droit qu'à des produits concurrents qui se feraient la guerre des prix ( comme les fabriquants de paquets de mouchoirs ) -

Mais c'est la diversité qui peut permettre d'étendre le marché du jeu de rôle, puisqu'on cherche à répondre à des goûts ou des attentes différents, d'où la capacité à toucher un public plus large !
Et à renouveler l'attrait des "anciens", par exemple les donjonnistes qui ont envie de découvrir un peu autre chose...
"Le Paradis, c'est un roman devant un bon feu ! " - Théophile GAUTHIER.
"Toute notre dignité consiste donc en la pensée " - B. PASCAL, Pensées.
"Si le monde n'a absolument aucun sens, qu'est-ce qui nous empêche d'en inventer un?" - Lewis Caroll, Alice au pays des Merveilles.
"Vouloir nous Brûle, et Pouvoir nous Détruit" - H. de Balzac, La Peau de Chagrin.


La ludologie, c'est bon, mangez-en !
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Message par Frédéric » 26 Jan 2009, 04:59

Je suis tout à fait d'accord avec toi Édouard.

Je pense que dans l'interrogation de Stéphane, il y a une question que l'on pourrait comparer au rapport de l'art contemporain à son public : à force de pousser la recherche artistique dans des directions pointues, dans lesquelles ne se reconnaissent pas les gens, ceux-ci le boudent.

Et c'est là où pour moi ça devient intéressant. Car l'art n'a pas pour vocation de plaire, mais de repousser les canons esthétiques. Si les peintres n'avaient pas déconstruit les principes picturaux du moyen âge et du classicisme de la renaissance, nos chers illustrateurs qui vomissent sur l'art "moderne" peindraient toujours comme David, Brunelleschi ou Giotto di Bondone (qui pour certains d'entre eux étaient déjà des révolutionnaires dans leur domaine à leur époque).

Les gentils impressionnistes qui plaisent à toutes les mamies en cours de peinture amateur étaient honnis de leurs contemporains, critiques comme peintres ou public. L'art contemporain n'est pas différent.

Il est plus important d'élargir le champ du JDR que de trouver un public et lui plaire. Car dans 10 ans, même s'ils ne s'en rendent pas compte, les futurs créateurs bénéficieront de cet élargissement. C'est la différence entre la démarche artistique et la démarche commerciale.
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