Je suis assez stupéfait par leur facilité à prendre des initiatives (je connais beaucoup de rôlistes aguerris incapables d'en faire autant). ^^
Personnellement, je ne suis pas étonné. C'est l'expérience que j'ai eu avec des jeunes rôlistes qui parle. J'ai toujours constaté une certaine "faim" à participer et à prendre des initiatives chez les jeunes joueurs. Je pense que ça doit venir du fait que je n'ai jamais essayé de les brider et que je n'ai finalement pas de scénario préconçu à chacune de mes parties dans ce cadre.
Pour ma part, j'ai toujours eu l'impression que les rôlistes aguerris sont sans doute corrompus par une pratique "traditionnellement" très cadrée du jeu : comment faire preuve d'initiative dans des scénarios précis et dirigistes ou des donjons super détaillés.
Mais je tiens à dire que j'ai été très rarement confronté à des joueurs qui manquent d'initiative d'une manière générale donc... c'est peut-être une idée préconçue.
Qui décide de chaque aspect de la fiction ?
Rien n'est vraiment clairement déterminé. Je crois que le contrat ludique est encore inconscient chez eux, j'aimerais bien avoir une discussion à ce sujet avec eux mais je vais attendre qu'ils aient pris un peu de bouteille. J'essaye de lancer parfois des sujets un peu métajeu comme la différence entre HJ et EJ mais il n'arrive pas à saisir toutes les subtilités. Je crois qu'il prendre patience.
Le partage de la fiction est plutôt classique. Les joueurs contrôlent leurs personnages et moi l'environnement, tel un MJ classique. Ils ont malgré tout une certaine liberté d'inventer des détails de l'univers pour décrire leurs actes ou pour les aider. Il le font naturellement et inconsciemment. Pour ma part, je les laisse faire.
De plus, l'univers que nous créons ensemble dépend aussi de leurs propres apports (création des personnages, compositions, etc.) et ils ont conscience de la place créative dans cette univers. Le fait que l'univers n'existait pas avant le début du jeu (nous sommes parti de rien) les aide beaucoup à prendre conscience du champs de liberté. Ensuite, je cultive cette impression en leur laissant beaucoup de liberté et en leur montrant ostensiblement la situation. Ils savent que je n'ai pas de scénario préétablie (du moins, ils croient que j'improvise totalement, ce qui n'est pas vrai. Je griffonne toujours quelques trucs en 15 minutes avant la séance proprement dite).
Mais surtout, ils peuvent constater par eux même que leurs actions ne sont pas contrôlés et que leurs décisions ont un impact réel sur l'histoire. A deux reprises, ils ont échoué dans leur quête.
Bien entendu, je contrôle la situation et j'influence l'histoire par le décors et le système (ils n'en ont pas totalement conscience)... mais pas dans un but "scénaristique" mais "pédagogique". C'est fondamentalement différent : ça laisse une plus grande responsabilité aux joueurs pour le déroulement du scénario.
Mon autorité comme MJ n'est pas contesté car je garde un statut de prof HJ. Ca ne s'en ressent pas mais quand je prends des initiatives HJ (silence, on parle chacun son tour""exposez vos idées à tour de rôle") ou que je leur explique des situations EJ (la difficulté de certaines action comme s'attaquer à 6 aux millions de gigamarines).
Au niveau des discussions, il y en a beaucoup d'idées qui fusent dans tous les sens. Je dois cadrer un petit peu pour que tout le monde ait son mot à dire et pour rendre plus cohérent. Généralement, les décisions sont prises par consentement global, une idée est validé par 2-3 autres élèves et s'il n'y a pas d'opposition, c'est validé. Il y parfois des petits débats mais les joueurs sont assez expéditifs et aiment que ça aille vite. Certains perdent patience assez rapidement. Ils veulent agir avant tout.
Il n'empêche que je les pousse (par mon autorité) à la réflexion par des remarques et explications et à la discussion en relançant le débat et en donnant la parole à tout le monde. Ca reste encore limité et je vais le faire de manière progressive pour ne pas les bousculer et qu'ils aient l'impression d'agir à leur gré. J'ai peur qu'une trop grand intrusion de ma part pourrait être pris comme du dirigisme.
Il y a passablement de HJ et c'est un fait accepté à notre table. Je l'ai même officialisé à plusieurs reprises : permission de souffler des idées à un joueur en manque d'inspiration même si le personnage du souffleur est absent de la scène. Je les laisse également revenir sur des actions dans le passé immédiat (par ex. ils n'avaient pas pensé à piéger les vaisseaux des chasseurs qui n'acceptaient pas de se mutiner. Ils y ont pensé plus tard et j'ai accepté de faire jouer la scène du piégeage après coup).
Autre chose, lorsqu'il y a eu "élection" d'un chef et qu'il devait négocier la suite avec le conseil, j'ai accepté que les autres joueurs lui soufflent des répliques ou des idées. C'était au joueur responsable qu'il revenait de valider ou non les propositions. Dans les faites, les autres joueurs pouvaient contrôler les actions du personnage élu mais c'était son joueur qui gardait le dernier mot.
Je trouve aussi, comme Quentin, très pédagogue le fait d'amener le calcul pécuniaire pour gérer leur fonds dans un JDR plutôt que les sempiternels problèmes de maths. ^^
Merci :-D
J'aimerais vraiment que les gens ne croient pas que c'était prémédité. En fait, cet aspect financier est venu par les actions des joueurs et j'ai sauté sur l'occasion pour intégrer cet aspect pédagogique. A présent qu'il est là, je vais approfondir le sujet et je vais mettre en place une structure budgétaire (un responsable des comptes des résistants + un responsable des comptes du groupe). Je vais peut-être leur faire tenir un petit carnet.
Ne t'en fais pas, le projet va tenir. Il va encore évoluer mais je tiens le bon bout. J'ai la séance des parents demain et j'ai vraiment de la matière pour leur expliquer en détail ce que je fais.
Sinon, il n'y a pas encore de gigamarines dans la resistance. Pour l'instant, il n'y a que quelques groupes de chasseurs de prime (78 personnes pour être précis) mais je me réjouis de les faire intégrer d'autres gens. Ils vont devoir avoir une réflexion sur l'intégration, aux différences et à la xénophobie. Sans compter qu'ils devront restructurer leur organisation politique pour pouvoir intégrer tout le monde (structure politique).
Si vous avez d'autres questions, je serais heureux d'y répondre.