Hello
J’ai participé au stand Arkenstone aux Internationale Spieltage (Spiel) à Essen en Allemagne. C’est une foire aux jeux (de tous types, mais peu de jeux vidéos), peut-être même la plus grande au monde (si on exclut justement les jeux vidéos). Le point fort ce sont les jeux de plateau, mais y a un peu de jeu de rôle, et comme c’est censé être international, je suis allé voir qu’est-ce que ça pouvait bien valoir pour les francophones. Je vous ai dit que c’était énorme ?
Le stand était partagé avec Jim Raggi de Lamentations of the Flame Princess, un jeu dans la veine de D&D d’avant les années 90.
Vous pouvez aller mater des photos ici.
Coût et logistique d'une telle histoire
Allez, parce que avec des chiffres c’est bien meilleur. C’est tout Eero (boss d’Arkenstone) et Jim qui ont payé, les autres étaient là comme esclaves. Le petit stand qu'ils partageaient coûtait environ €900 (parois et TVA comprises). Il a également fallu amener des meubles et toute la marchandises ce qui a un coût supplémentaire. Eero estimait qu’il devait donc vendre pour environ €2’000 de jeux pour faire assez de bénéfices et ne pas faire de pertes, y.c. déplacement et hébergement pour lui et son frère, ce qu'il semble avoir réussi à plus ou moins €100 aux dernières nouvelles. Ce sont des chiffres assez abstraits en fin de compte. Si ce genre d’exercice intéresse quelqu’un d’autre, il doit vraiment faire gaffe à ses frais de transport. Et bien sûr, tout dépend de la marge qu’on se fait sur la vente de jeux (à prévoir dans tout modèle de publication ! si on ne vend pas assez cher, pas de conventions ! donc moins de ventes ?) Il faut également prévoir pas mal de préparation avant la convention, venir à l’avance pour mettre en place le stand et puis rester pour le démonter et tout ranger quand on rentre chez soi (logique, mais c’est du boulot).
Il faut également prévoir une bannière qui dit de manière assez univoque « Ici c'est du jeu de rôle indépendant », parce que personne ne nous connaît et vu qu’il se vend de tout à la foire, il ne faut pas avoir peur de défoncer des portes ouvertes.
Activité
Eero vendait une sélection de jeux indépendants anglophones, et mettait l’accent sur Zombie Cinema et son édition de Shadow of Yesterday (composée de Solar System et World of Near). En ce qui me concerne, j’ai fait le singe du jeudi après-midi au dimanche après-midi. Mon job était d’attraper des gens pour leur expliquer à quel point les jeux inides étaient cools et que ça ne prenait que 10 minutes pour faire une démo de Zombie Cinema. En fait, j’aime faire ça. Pas de blabla pour faire bien, juste du « venez essayer et achetez si vous aimez ». Claire et simple, personne ne nous regarde de travers parce qu’on ose vendre du jeu de rôle. Et on discute avec un tas de gens qui sont juste contents d’être à une foire du jeu ou de rencontrer des fans de jeux indies. J’avais aussi 10 ashcan d’Innommable version 009 (anglaise) en vente à €5 pièce, j’en ai vendu la moitié (je vais commencer à en parler sur la Forge et proposer les cinq restants par ce biais).
Une grande partie des passants sont des flâneurs allemands, pas spécialement rôlistes. Ça tombe bien, je parle l’allemand. Mais pas trop l’allemand relatif au vocabulaire utile pour décrire un jeu de rôle, en fait. Enfin, j’ai pu baragouiner un peu et compléter avec de l’anglais. Il y a eu des francophones, mais seulement deux clients (mais des vrais alors, putain). Pourtant la convention est pleine à craquer de francophones ! Eh oui, mais ils viennent spécifiquement pour faire le plein de jeux de plateau. Je dirais donc que c’est okay de vendre du jeu de rôle anglais, mais mieux vaut pouvoir attraper les passants allemands et avoir un jeu léger facile d'accès pour faire du volume (Zombie Cinema est un produit vraiment idéal à cet égard, on en a vendu a plusieurs non-rôlistes qui venaient juste pour acheter des jeux parce que c’était la foire où l’on achète des jeux) et un large éventail de jeux (2-3 exemplaires chacun) pour les quelques connaisseurs furieux qui veulent dépenser plus de €100. Ou alors probablement vendre des jeux en allemand.
Les autres stands de jeu de rôle étaient des vendeurs (livres anglais et allemands) et des éditeurs allemands. C’est donc nettement moins international en jeu de rôle.
Quelques réflexions culturelles à l’emporte-pièce
En gros, le rôliste allemand est comme le rôliste francophone, si ce n’est qu’il ne parle pas français, tout comme le rôliste francophone ne parle pas allemand. La part des traductions est peut-être un chouïa plus importante en Allemagne, mais il y a aussi des productions autochtones. Il y a un préjugé chez eux comme quoi les jeux de rôle français ont d’excellents backgrounds et illustrations (on peut difficilement leur donner tort en même temps). Ils ne sont pas spécialement plus motivés par l’indie que les francophones. J’avais mes Sens avec moi (preuve avec Markku) et j’ai eu l’occasion d’expliquer à deux-trois curieux. Ils m’ont demandé quand ce serait traduit (au moins en anglais), ils avaient l’air clairement intéressés par le concept ! Je dis ça, je ne dis rien.
Je réponds volontiers aux questions !