[Monostatos] La déesse prostituée

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[Monostatos] La déesse prostituée

Message par Fabien | L'Alcyon » 28 Avr 2011, 19:33

Ce dimanche, durant la convention des Alchimistes, j'ai eu une fois de plus l'occasion de tester Monostatos et ça a donné une partie réussie et amenant à des conclusions intéressantes.

Pour celles et ceux qui prennent le train en marche, quelques rappels sur le jeu et ses règles (dont vous trouverez sur cette page la version la plus récente).
Monostatos vous propose de jouer des héros rebelles et libérateurs, réveillant le désir et la grandeur dans un univers de déserts, tombé sous la coupe d'un dieu, Monostatos, imposant ordre, confort et sécurité.
Les règles peuvent se résumer ainsi:
Le meneur de jeu décrit le contexte dans lequel sont plongés les personnages (contexte créé à l'avance). Il amène dans l'histoire les enjeux (c'est-à-dire les sources de pouvoir pouvant intéresser autant les personnages des joueurs que les prêtres du Culte de Monostatos). Il décrit les actions du Culte de Monostatos pour s'emparer des enjeux et contrer les personnages.
Les joueurs racontent comment leurs personnages tentent de s'emparer des enjeux pour libérer le contexte. Ils sont poussés par les règles à faire preuve de créativité et disposent d'une bonne marge de manœuvre pour s'emparer de ces enjeux.
On fait appel aux dés dans deux cas:
  • lorsqu'un participant cherche à Changer le monde, soit que le meneur de jeu raconte comment les personnages sont menacés, soit que les joueurs racontent comment leurs personnages préparent leur coup ; cela permet de gagner des bonus pour la suite des événements
  • lorsqu'un participant cherche à S'emparer d'un enjeu, soit que le meneur de jeu raconte comment le Culte cherche à y parvenir, soit que les joueurs racontent comment leurs personnages cherchent à y parvenir
Il existe un ensemble de bonus pour chaque utilisation des dés, qui sont surtout là pour pousser chacun à développer la fiction.
Les dés indiquent deux choses:
  • qui du meneur ou du joueur raconte l'issue d'une tentative de changer le monde ou de s'emparer d'un enjeu, et donc si l'action échoue ou réussit
  • qui peut raconter une conséquence secondaire mais importante de cette action (ce qui permet de moduler la victoire de quelqu'un et de relancer le rythme de l'histoire
***

Les participants étaient:
Sylvain (non, pas Bichette) jouait Amerolqis, artiste fabuleux et orgueilleux
Olivier jouait Kheper, momie sans mémoire
Didier jouait Ankh, princesse impériale survivante
Julien jouait Edipios grand prêtre renégat de Monostatos
J'étais meneur de jeu.

Sylvain et Olivier jouaient leur première partie de jeu de rôle.

J'ai utilisé le contexte "Le quartier des plaisirs de Porphyre" :
Ce contexte se déroule dans Porphyre, la capitale du Royaume Fauve.
1. Les maisons de terre cuite du quartier des plaisirs sont peintes de couleurs pastel et ses rues sont protégées du soleil par de lourds voiles colorés. S’y mélangent des odeurs de drogue, de nourriture, d’alcool et de sueur humaine. Des halètements sourds sont couverts par les musiques d’ambiance et les invitations des patrons de tavernes et de bordel. La réputation des plaisirs de ce quartier traverse tout le Royaume Fauve et n’est surpassée que par celle des fêtes de Port-aux-Dieux.
2. En bon sujets du roi Hyène, les tenanciers, marchands et professionnels du corps en tous genres sont très heureux de pouvoir participer à la grande œuvre de bonheur universel de l’humanité. Ils accueillent volontiers les prêtres de Monostatos.
3. Le quartier est dominé par la Caverne, un établissement de drogues et d’alcools en tous genres, dédié à l’apaisement de l’esprit. Il est dirigé par une femme secrète, accompagnée en permanence d’encenseurs à drogue. Léthé est en fait une Etincelante heureuse de servir Monostatos si cela lui permet d’apaiser des consciences.
4. L’immense majorité des habitants de ce quartier sont heureux de pouvoir gagner leur vie en procurant du plaisir, surtout dans un lieu aussi réputé. Ils travaillent dur pour satisfaire leurs clients, quoi qu’ils demandent. L’argent coule à flot et la misère ne frappe que ceux qui ont encore une fierté.
5. La Secte de l’Ether est très présente, intéressée cette industrie du divertissement et par ses possibilités pour le contrôle des fidèles.
Degré de soumission à Monostatos: 4, alliés loyaux
Enjeux
La Secte de l’Ether a mis au point une maladie vénérienne à partir du cervelet de saints monostatiques. La vérole grise affecte directement le cerveau et les nerfs pour provoquer une foi fervente en Monostatos. Une épidémie serait la bienvenue pour le Culte.
Léthé n’en parle pas publiquement, mais son doute grandit de jour en jour. Elle se rend bien compte qu’en marchandant ses services, elle n’offre du réconfort qu’au prix d’une plus grande souffrance par le travail et elle comprend de plus qu’elle ne fait qu’endormir ainsi toute alternative dans l’esprit de ses clients.
Des sirènes et des ondins venus du fond de l’Océan infiltrent le quartier. Les soins et plaisirs divers qu’ils proposent libèrent les corps et les esprits en leur enseignant à dompter leurs désirs. Ils manquent d’expérience et ils se font arrêter et enfermer progressivement par le Culte.
Sapros, un concurrent de Léthé, est parvenu à faire acheminer en secret un Ogre de faible puissance au septième sous-sol de sa maison de plaisir, réputée depuis pour accueillir les fêtes les plus violentes et les plus débridées. Plus les clients sont riches et téméraires, plus ils sont conduits loin dans les caves. Le Culte est suspicieux.
Matmon, un marchand revenu récemment d’un périple dans le désert, est parvenu à capturer une ancienne déesse, affaiblie par ses blessures et son isolement séculaire. Il a décidé de faire fructifier son investissement en la prostituant. Shausa reprend des forces doucement et échafaude une vengeance digne des dieux.

Je précise enfin que je n'ai pas pris de notes sur le moment. Certaines descriptions peuvent donc être incomplètes ou infidèles. Dans la description de l'utilisation des règles je ne décris pas l'utilisation de tous les bonus parce que je ne m'en souviens pas et que ça me semble être une information mineure.

***

Je commence par décrire le contexte en racontant l'arrivée d'Edipios dans le quartier des plaisirs (avec l'accord de Julien). Comme l'exige la dernière version des règles, j'introduis directement un enjeu: alors qu'Edipios marche dans la rue, il remarque une estrade sur laquelle un proxénète vend sa marchandise ; une des femmes est terriblement belle. Le regard surnaturel d'Edipios lui permet de se rendre compte qu'elle n'est pas humaine ; son savoir formidable lui permet de se souvenir d'un visage sur une ruine, qui était celui d'une déesse, c'est le visage de la prostituée. J'écris l'enjeu "Déesse prostituée" sur la feuille du contexte. Edipios tente de lui parler, mais le proxénète intervient et lui propose 5 pentadrachmes pour une nuit avec elle. Je demande à Julien s'il veut tout de suite tenter un jet de dés pour s'emparer de l'enjeu, comme il n'est pas encore à l'aise avec les règles, on tombe d'accord sur le fait de développer encore un peu avant d'aller plus loin. Julien me demande si, selon moi, Edipios dispose de l'argent nécessaire. Je réponds que c'est à lui de me le dire. J'en profite pour présenter la règle selon laquelle il faut exprimer lorsque quelque chose n'est plus crédible et Julien déclare que, justement, ça ne lui semblerait pas crédible que son personnage dispose d'autant d'argent.
Amerolqis entre dans la scène avec fracas et repoussant Edipios (Sylvain était enthousiaste et Julien a accepté le mouvement de son personnage), se précipite vers le proxénète et achète la nuit avec la prostituée inhumainement belle.

Pendant ce temps, Ankh arrive au quartier des plaisirs. Didier me raconte comment son personnage explore l'endroit et trouve une auberge. Je déclare qu'on lui recommande la Caverne, la meilleure maison de drogues et d'alcools du quartier (je pensais amorcer un enjeu ainsi, mais c'est finalement resté lettre morte). Didier me dit que son personnage cherche des personnes au bord de la loi. Je raconte que son personnage aperçoit une porte qui s'ouvre dans une ruelle, une personne en sort et s'éloigne à grands pas. Une femme, à la peau claire aperçoit Ankh par l'entrebaillement de la porte et lui fait signe d'approcher. Ankh se retrouve dans une maison de plaisir petite et d'un genre particulier puisque ceux qui y passent non seulement ressortent plus puissants et plus énergiques, mais aucune contrepartie n'est exigée, chacun donne ce qu'il souhaite. Ankh souhaite en faire partie.

J'ai essayé de répartir équitablement la parole entre les joueurs, en particulier au début de la partie où nous étions encore dans une dynamique très traditionnelle avec un meneur-parent-nourricier, d'où le passage rapide d'une scène à l'autre. C'est d'autant plus nécessaire qu'il y avait quatre joueurs, le nombre maximum pour Monostatos.
Edipios et Kheper se rencontrent, s'allient et commencent à mettre sur pied un plan d'évasion pour la prostituée. Olivier (le joueur de Kheper) veut que son personnage repère le quartier. Comme il s'agit typiquement là d'une action pour être mieux préparé, on utilise les règles de "Changer le monde". Pour donner un bonus au jet de dés, Julien explique comment Edipios utilise son regard implacable pour glanner des informations même en pleine nuit. Olivier lance les dés: il raconte l'action (réussite), mais j'ai le droit d'ajouter une conséquence supplémentaire. Olivier a donc le droit d'ajouter sur la feuille de Kheper la phrase (=le "caractère", faute d'un meilleur mot) "Je connais bien le quartier des plaisirs" ; s'il peut l'utiliser dans un jet de dé ultérieur, il gagnera un bonus. Je raconte qu'en observant ainsi le quartier, Edipios repère des personnes louches et que, connaissant les rouages du Culte, il comprend qu'il s'agit de prêtres de la Secte de la Poussière, la police secrète de Monostatos traquant les héros comme eux. J'inscris sur la feuille du contexte le caractère "Présence de la Secte de la Poussière".

Amerolqis passe la nuit en discussion avec la prostituée. Sylvain veut qu'Amerolqis gagne la confiance de Shausa. Comme il me semble que ça affecte directement l'enjeu majeur de la "Déesse prostituée", je lui propose d'utiliser les règles de "S'emparer d'un enjeu". Sylvain lance les dés: c'est lui qui raconte (réussite, donc), mais je peux raconter une conséquence. La réussite, c'est donc que la prostituée lui révèle qu'elle se nomme Shausa et qu'elle est bien une ancienne déesse de la fertilité prise au piège. On trace une croix du côté des joueurs sur la feuille du contexte à côté de l'enjeu (au bout de trois croix, l'enjeu est emporté définitivement). Je raconte la conséquence: la déesse est retenue ici par un collier de marbre, parcouru de symboles monostatiques, qui maintiennent son pouvoir prisonnier. J'écris sur la feuille du contexte "Collier de marbre au cou de la déesse"

Alors que Ankh discute avec la sirène qui lui expose leur projet, les portes sont enfoncées par une dizaine de prêtres de la Secte du Fer qui investissent les lieux. Il s'agit là pour moi d'une tentative de S'emparer d'un enjeu pour le Culte, je dépense donc un point de Conservation et je demande à Didier (le joueur d'Ankh) d'expliquer comment son personnage cherche à empêcher cela (il n'est pas obligé de le faire, auquel cas je l'emporte automatiquement, et c'est a priori le seul personnage qui puisse s'y opposer). Didier raconte comment il ordonne aux six sirènes et ondins de quitter le lieu par l'arrière et comment il retient les gardes. Il lance les dés qui donnent ce résultat très positif pour lui : non seulement il raconte l'issue de l'action, mais je ne peux pas raconter de conséquence supplémentaire. Didier raconte comment Ankh parvient à abattre cinq prêtres, qu'elle marque de son épée leurs visages et qu'elle met en fuite les cinq autres. Puis, accompagnée des ondins, elle s'enfuit dans la nuit.

Edipios et Kheper les repèrent et les aident à se réfugier dans une planque appartenant à Edipios (inventée sur le moment, sans problème). Olivier souhaiterait effacer le caractère "Présence de la Secte de la Poussière" de la feuille du contexte, et raconte donc comment Kheper repère un de leurs poursuivants dans la nuit et lui tombe dessus depuis les toits. Il utilise la règle Changer le monde, lance les dés dont le résultat indique que je raconte l'action mais qu'il n'y a pas de conséquence supplémentaire. Je raconte donc comment Kheper tombe sur le prêtre de la Secte de la Poussière, mais que ce dernier esquive a tout dernier moment et repousse violemment Kheper en arrière ; j'ajoute que cela permet tout de même aux fugitifs d'échapper à leur poursuivant (ce qui n'a pas d'incidence directe sur les règles, c'est uniquement une avancée fictionnelle). J'ai choisi de raconter l'issue de l'action de manière à ce qu'elle échoue non pas parce que Kheper est mauvais, mais parce que le prêtre de la Secte de la Poussière est meilleur, en référence à une remarque de Christoph sur le précédent rapport de partie où il me disait que je respectais beaucoup les personnages. C'est ma compréhension des règles que de respecter les personnages en tant que héros. Notez aussi que j'ai raconté une conséquence positive pour les personnages: les règles ne me force pas à leur mettre la misère.

Les personnages passent la nuit dans la planque et Amerolqis les y rejoint par un concours de circonstances. J'attaque Edipios avec les règles de Changer le monde (je raconte, pas de conséquences) en racontant comment il est empoisonné par de la liqueur de marbre versée dans un repas (Julien rajoute "Empoisonné par l'ordre" sur la feuille de son personnage). Ankh tente de le soigner à l'aide de ses insectes mais échoue.

Kheper se rend chez Shausa pour prendre de l'information. Je fais ma deuxième attaque d'enjeu en dépensant un point de Conservation: je raconte comment il voit une délégation de prêtres de Monostatos se rend chez la déesse prostituée pour négocier son soutien inconditionnel au Culte en échange de sa libération et de l'assouvissement de sa vengeance. Olivier raconte comment il souhaite que Kheper interrompe les négociations en enlevant Shausa sur un coup de force. Il lance les dés : je raconte l'issue de l'action (échec) mais il n'y a pas de conséquence. Je raconte comment Kheper entre par la fenêtre, repousse les prêtres et prend Shausa par le bras. Néanmoins, elle est retenue à l'intérieur par le collier de marbre et Kheper est obligé de fuir. Je trace une croix du côté du meneur pour cet enjeu.

Olivier a épuisé la plupart des ressources de son personnage et décide donc de raconter une scène de ressourcement. Ces dernières permettent d'utiliser à nouveau les Singularités d'un personnage et de regagner un point de Désir (qui fournissent des bonus pour les jets de dés); le joueur doit alors raconter comment son personnage fait preuve de son individualité la plus pure et de sa force vitale. Une scène de ressourcement provoque toujours du désordre et tend à attirer les prêtres de Monostatos. Olivier raconte donc comment son personnage s'enfuit dans le désert puis s'enfonce dans le sable pour revivre intensément toute sa vie et y retrouver des forces; les fantômes du désert s'approchent et projettent ses souvenirs et son inconscient dans la réalité, attirant des prêtres de la Secte du Fer inquiets et inquisiteurs.

Les autres personnages restés à la planque vont à la recherche de Kheper, ne le voyant pas revenir et ayant eu vent des troubles récents. Kheper émerge du sable et tombe nez à nez avec les prêtres-soldats de la Secte du Fer et, tout juste régénéré, engage le combat. Les autres personnages arrivent et lui prètent main-forte. Olivier lance les dés: il raconte l'issue de l'action, sans conséquence. Les personnages abattent tous les prêtres et en gardent deux: un qu'ils emportent pour l'interroger, l'autre vaincu en duel par Ankh et dévoré vivant par elle, se délectant de son ennemi vaincu (nouvelle scène de ressourcement: ses cris attirent d'autres prêtres).

Une fois revenus à la planque, Edipios prend leur prisonnier à part et, plutôt que de l'interroger, décide de lui révéler ce qu'il a vu en contemplant Monostatos et qui lui a fait perdre la foi. Julien fait donc un jet de Changer le monde : il raconte l'issue, pas de conséquence. Julien raconte donc que le prêtre est le premier converti par la bonne nouvelle d'Edipios (je précise que la description du personnage ne dit pas ce qu'il a vu et qui lui a fait perdre la foi, c'est au joueur d'inventer et Julien ne nous l'a pas encore révélé). Il écrit donc le caractère "Premier converti" sur sa feuille.

Il y a un moment de discussion et d'échanges entre nous tous, pour déterminer ce qui semble être intéressant pour la suite de l'histoire. Il en émerge que les deux prochains jets de dés pour emporter l'enjeu pourraient être 1) découvrir un moyen de rompre les symboles du collier de la déesse 2) parvenir effectivement à la débarrasser du collier

Les joueurs mettent leur plan en application. En se déguisant et en faisant appel au prêtre fidèle à Edipios, ils se rendent au temple de la Secte du Verre de Porphyre, une immense bâtisse remplie de scribes qui calculent au plus juste les impôts et les taxes dues au Culte par les princes marchands du Royaume Fauve, mais possédant malgré tout une bibliothèque. Julien emporte son lancer de dés de S'emparer d'un enjeu, avec une conséquence : ils trouvent la méthode pour se débarrasser des symboles monostatiques, mais la Secte du Verre parvient à identifier discrètement Edipios. On ajoute une croix du côté des joueurs pour l'enjeu de la Déesse.
Kheper en profite pour faire des recherches sur son passé: Olivier veut faire un jet de Changer le monde pour ajouter un caractère à une des Singularités de son personnage, ce qui est un moyen intéressant de faire progresser son personnage dans le temps. Il réussit son jet de dé, sans conséquence. On discute un peu des possibilités de l'identité de Kheper et je lui parle de la guerre contre l'Océan qui a aboutit à la création de la Terre Morte. Olivier n'est pas sûr et on décide qu'il pourra révéler qui est son personnage quand il le souhaitera, par exemple quand ça lui sera le plus utile (ce qui est tout à fait légitime).

Edipios tente de se débarrasser de la présence de la Secte de la Poussière en leur envoyant de faux messages codés, mais les dés lancés par Julien pour Changer le monde indiquent que je raconte (sans conséquence) : le code a changé depuis qu'Edipios était prêtre et sa tentative est démasquée.

Pour préparer l'attaque finale et le dernier jet de S'emparer d'un enjeu, Edipios envoie son fidèle répandre de fausses nouvelles pour attirer tous les prêtres de la Secte du Fer à l'autre bout de la ville. Julien emporte son jet de Changer le monde, mais il y a une conséquence: le fidèle d'Edipios est fait prisonnier. On inscrit donc un caractère supplémentaire sur la feuille du contexte ("Prêtres de la Secte du Fer éloignés") et on change le caractère de la feuille d'Edipios en "Prêtre fidèle emprisonné" (les jets de Changer le monde peuvent effectivement mener à inscrire ou changer deux caractères).

Les personnages se rendent au bordel. Ankh et Kheper restent en bas pour défendre l'endroit le temps qu'Edipios et Amerolqis rompent le collier de la déesse. J'attaque Edipios et Amerolqis grâce à deux jets de Changer le monde pour les faire poignarder par deux prêtres de la Secte de la Poussière déguisés en prostitués. Deux résultats identiques: les personnages sont blessés, mais ils parviennent tous les deux à maîtriser leurs agresseurs. Ils entrent dans la chambre de Shausa et Edipios entame les rituels (jet de S'emparer d'un enjeu) : échec, sans conséquence. Idem pour la tentative d'Amerolqis.

Pendant ce temps en bas, les prêtres de la Secte du Fer ont fini par se rendre compte de leur erreurs et attaquent les personnages. Deux jets de Changer le monde provoqués par moi, qui sont des échecs sans conséquences, me semble-t-il. Les joueurs répliquent par deux autres jets de Changer le monde: Ankh enfume la salle tandis que Kheper révèle qui il est: le premier Grand Prêtre de la Secte du Fer, le général originel de Monostatos, assassiné par son propre camp durant la guerre contre l'Océan parce qu'il avait osé également lever les yeux sur Monostatos. Le jet de Changer le monde donne l'issue de l'action (sans conséquence) à Olivier qui raconte comment les prêtres de la Secte du Fer reconnaissent la légende qu'il est et se rallient à lui.

Enfin, Edipios regarde Shausa dans les yeux et lui révèle qui est en réalité Monostatos : un vieillard cacochyme qui n'a pu dominer les anciens dieux que parce que ceux-ci l'ont insconsciemment accepté. Elle seule peut se libérer. Julien réussit son jet de S'emparer de l'enjeu (sans conséquence) : non seulement il peut raconter l'issue de l'action, mais il peut désormais raconter comment agit la déesse. On ajoute une trosième croix du côté des joueurs ce qui signifie qu'ils emportent l'enjeu. J'apporte alors l'information que les anciens dieux étaient en majorité des dingues sans considération pour les êtres humains, et les joueurs me le reprochent à juste titre, j'aurais dû le dire plus tôt; je précise néanmoins que comme Julien peut raconter les actions de la déesse, il peut raconter qu'elle est une exception, bonne et douce. Julien raconte comment la déesse se libère du collier par sa seule volonté, puis s'élève au-dessus du quartier et s'impose à tous, maudissant de sa voix formidable tous les fidèles de Monostatos présents et les condamnant à la stérilité.
Nous décidons d'arrêter ici, après avoir bien joué et être arrivés à une étape décisive de l'histoire.

Nous avons joué environ quatre heures, en retirant les pauses et en comptant une heure d'exposition de l'univers, des règles et de choix des personnages.

***

Commençons par l'autosatisfecit: cette partie s'est très bien déroulée, j'y ai pris du plaisir et il me semble que c'était également le cas des joueurs. Je me suis senti détendu et j'ai trouvé que la table avait une bonne dynamique. Cela tient à plusieurs choses.
D'abord, je crois que les personnages sont bien faits. Avec la dernière version des règles, il y a peu de contrainte sur leur interprétation par les joueurs et ils offrent un vrai espace de créativité. Par exemple, Olivier voyait beaucoup Kheper comme un personnage discret, un assassin, alors que je l'ai déjà vu interprété comme un arrangueur de foules. De même, Sylvain a proposé une interprétation d'Amerolqis très personnelle, avec un personnage riche et très expansif. Et pourtant, les personnages m'ont toujours semblé authentiques, ils cadraient avec l'idée que je me fais de personnages de Monostatos et leur interprétation avait du caractère.
Le rythme de la partie était bon. Ca a commencé doucement, à la fois parce que le jeu prend du temps à démarrer (les conséquences annexes permettent d'alimenter en permanence l'histoire), mais aussi parce que, comme souvent, le fonctionnement sans scénario déroute un peu. A la fin de la partie, nous avions trouvé le rythme de croisière où les joueurs prenaient leurs décisions et mettaient eux-mêmes en place les scènes ou les événements dont ils avaient besoin ; je n'intervenais que pour leur donner de l'antagonisme (j'ai même pu donner le biberon à un bébé juste avant la scène finale !).
Un autre bon sentiment que j'ai eu a été que le jeu répondait efficacement à mes besoins au cours de la partie. J'avais une règle claire pour chaque action qui méritait de lancer les dés, et je n'ai pas eu le sentiment de devoir demander de lancer les dés inutilement.
Cette partie est assez emblématique d'une bonne partie de Monostatos, pour moi. J'ai le sentiment que ma vision est claire, stable et bien réalisée. Je crois que je suis arrivé à créer le jeu comme que j'aurais aimé jouer lorsque j'ai commencé le jeu de rôle, il y a une dizaine d'années: un jeu de fantasy de caractère, avec un bon espace de liberté pour les joueurs et aux règles efficaces. C'est un sentiment très gratifiant après beaucoup de doutes, de recherches, de travail et de réflexions.
Je perçois également les limites de cette vision, ce qui est une bonne chose: Monostatos ne sera jamais un jeu pour créer de la beauté ou pour parler de voyages, comme je l'aurais voulu au départ, c'est un jeu où l'univers laisse assez peu de créativité aux joueurs (contrairement à un jeu comme S/Lay w/Me par exemple). Je ne suis pas parvenu à une dynamique interpersonnelle aussi puissante que des jeux comme Prosopopée ou Innommable. Mon seul véritable regret est de ne pas être parvenu à faire de Monostatos un jeu dangereux, un jeu qui pousse les joueurs à prendre très au sérieux ce qu'il font, à le considérer comme un exercice de vie, comme ce que j'avais souhaité un moment, à la manière de Sens ou Psychodrame ; cependant, ma carrière d'auteur de jdr n'en est qu'à son début et j'ai d'autres jeux devant moi.

Concernant un point de règle mineur, cette partie m'a confirmé qu'il valait mieux que le meneur commence avec un seul point de Conservation, sans tenir compte du nombre de joueurs. J'ai commencé ici avec deux points (plutôt qu'avec 4, c'est-à-dire le nombre de joueurs) et j'en avais toujours au moins un de disponible, même en étant très agressif.

Quelques éléments méritent encore du travail et des tests plus poussés.
Premièrement, je ne sais pas si c'est vraiment pertinent de prévoir cinq enjeux pour chaque contexte.
Pour:
  • un même contexte peut servir pour plusieurs parties
  • le meneur de jeu peut plus facilement improviser "naturellement" l'introduction de l'un d'entre eux
  • chaque personnage a le choix de poursuivre un enjeu cohérent avec sa personalité, en ayant plusieurs histoires différentes qui s'entrecroisent durant la partie
Contre:
  • dans la pratique jusque là, je n'arrive pas à introduire plus de deux enjeux et les joueurs finissent pas se concentrer sur un unique enjeu
  • le deuxième enjeu distrait de l'histoire principale, dont l'enlever permet une plus grande cohérence de l'histoire
  • une partie de durée "normale" (2 à 4 heures), que ce soit avec peu ou beaucoup de joueurs, ne permet pas de s'attaquer et d'emporter plus d'un enjeu; d'autant qu'une fois qu'un enjeu est pris, l'histoire arrive à un moment propice à s'arrêter
  • un seul enjeu requis par contexte permet de créer des contextes plus facilement et plus rapidement
Il faut que je me fasse mon idée. Peut-être que si je ne change rien, chaque meneur disposera d'assez de matériel pour répondre à ses besoins immédiats et aux développements spécifiques de l'histoire.

Deuxièmement, je n'ai pas vraiment de règle pour changer définitivement un personnage contre la volonté du joueur (par exemple en lui infligeant des cicatrices). Il faut toujours que j'y réfléchisse, peut-être dans la séquence finale entre deux partie avec une négociation possible entre la progression du personnage et ces changements définitifs.

Troisièmement, il me faut toujours tester ces règles en campagne, au moins une fois, entre autres parce que ces règles d'enjeu ont un impact directs sur la campagne. Il faut également que je détermine si le fait que les joueurs connaissent bien les règles (surtout maintenant qu'elles sont stables) influent sur une partie tout entière, et si plusieurs enjeux ne se justifieraient pas ainsi.

Je me fais de plus en plus la réflexion que pour convaincre de la qualité des théories forgiennes à la fois pour les créateurs et les rôlistes, rien ne vaut la démonstration de jeu; l'expérience ludique est infiniment plus puissante que tous les discours ou argumentaires. Il faut faire jouer, tout simplement.

Je vais bientôt pouvoir faire appel à des testeurs extérieurs. Je vais rédiger pour cela une version plus aboutie des règles et un guide de test et de rapport de partie. J'ai énormément besoin de regards extérieurs pour m'assurer que le jeu peut fonctionner sans moi.

Si vous avez des questions ou des réflexions, je les accueille avec plaisir. Si des joueurs de la partie passent par ici, j'aimerais beaucoup lire leur propre point de vue.
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Re: [Monostatos] La déesse prostituée

Message par paragon » 28 Avr 2011, 21:29

Bon je fais un peu de provocation, mais si la déesse de la fécondité maudit tout les fidèles de Monostatos et que j'ai bien compris l'univers le monde ne risque-t-il pas de se dépeupler?


Autrement ton jeu à l'air super et je me réjouit de jouer ma première partie (on en discute avec quelques personnes, ça devrait se faire tantôt)
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Re: [Monostatos] La déesse prostituée

Message par Frédéric » 28 Avr 2011, 23:38

Superbe partie !
Ça a l'air de rouler du tonnerre !
Les mécaniques sont élégantes et ça a l'air de bien s'articuler.

À propos du fait que Monostatos n'est pas un "jeu dangereux", il faut reconnaître qu'il soulève des problématiques : l'histoire de la déesse prostituée est une tentation pour les joueurs de "consommer" pour un hédonisme égoïste, mais le fait de placer un enjeu sur elle crée une situation où l'objet de désir devient bien plus que ça (objet d'affect, de lutte éthico-idéologique...). Le jeu fonctionne peut-être par dissonance cognitive par rapport à notre conception du monde dans lequel on vit.

Pour ce qui est du nombre d'enjeux, si un enjeu est défini comme principal et les autres ont tous un lien avec lui, ça peut peut-être permettre d'éviter l'éparpillement ?

Pour moi, ce jeu est l'exemple d'une épopée dont le message de propagande est puissant. Vivement notre prochaine partie, que je vérifie l'impact du jeu sur ma psyché. ^^
Frédéric
 
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Re: [Monostatos] La déesse prostituée

Message par Christoph » 02 Mai 2011, 15:03

Hello Fabien

Je suis emballé par ce rapport !

J'ai beaucoup aimé la révélation sur Kheper, qui ajoute à l'histoire de Monostatos et donne encore plus envie de lui péter la tronche. En revanche, la révélation d'Edipios me semblait un poil facile et rendrait la victoire sur Monostatos moyennement glorieuse. Est-ce qu'une révélation de ce type (lien entre personnage et Monostatos) ne devrait pas toujours donner une raison supplémentaire de se révolter et de rendre la révolte encore plus épique ? Se poserait aussi la question du nombre de révélations de ce type qu'on pourrait admettre par personnage (à un moment, ça va devenir ridicule je pense).

Quand vous introduisez Edipios dans la scène où il aperçoit la déesse. Comment les informations supérieures qu'Edipios apprend sont-elles apparues ? Le joueur a demandé quelque chose et tu lui as répondu, ou est-ce le joueur qui a tout dit, ou est-ce toi qui lui révèle tout cela sans qu'il ne demande quoi que ce soit ?

Quand tu décris le collier que porte Shausa, ce n'est pas vraiment une conséquence (à quelle action entreprise durant ce conflit d'ailleurs ?), mais plutôt la création spontanée d'un nouveau contenu. Est-ce que le joueur était au courant de ce collier (que son personnage n'aura probablement pas manqué de voir) avant le conflit, ou l'as-tu introduit une fois la procédure terminée ?
Les règles permettent au joueur vainqueur d'un conflit de s'emparer jusqu'à la fin de la partie d'un élément du contexte immédiat. Qu'est-ce que Sylvain avait choisi dans ce cas-là ? Est-ce qu'il aurait pu choisir Shausa ? Dans le cas où le fidèle d'Edipios est fait prisonnier, aurais-tu pu choisir de carrément le tuer ? Quelle est la portée exacte de ces règles de caractère ? Si j'ai bien compris les règles, tout est possible.
Remarque purement ergonomique : je trouve le choix des termes « issue » et « conséquence » moyennement judicieux. Ça donne lieu à des expressions comme « un échec sans conséquence [mais avec issue !] » ce qui m'a paru très déroutant à la lecture de ce rapport.

Concernant les deux enjeux sur lesquels vous vous êtes mis d'accord pour finir la partie, est-ce que j'ai bien compris qu'à une autre table, tu aurais pu te retrouver avec ces deux points regroupés en un seul, plus un autre ?
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Re: [Monostatos] La déesse prostituée

Message par Footbridge » 06 Mai 2011, 14:38

Bonjour Fabien,

Un très bon compte-rendu... et définitivement je retesterai Monostatos cet été je pense ! et je te ferai un retour !

Sur les enjeux, cela me rappelle les remarques que je t'avais faites suite à mon précédent test même si les règles ont bien changé. 5 enjeux, cela rejoint les 5 intrigues précédentes. Je comprends la symbolique du 5 par rapport à ton univers, mais c'est malheureusement peut être trop... et pour une partie 1 ou 2 suffisent... par contre peut être que 5 ça peut être pour construire une "campagne" ou son équivalent ?
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Re: [Monostatos] La déesse prostituée

Message par Fabien | L'Alcyon » 11 Mai 2011, 19:14

paragon
En l’occurrence ce n'était que les fidèles présents qui ont été maudits. Cela dit, ça aurait posé problèmes aux fidèles de Monostatos effectivement, ce qui aurait été un développement très intéressant pour les parties suivantes ! Les problèmes dans la fiction sont souvent très fertiles dans le jeu. J'aimerais tester cet été une série de parties de Monostatos pour voir si les joueurs peuvent/veulent prendre progressivement le pouvoir sur l'univers à un niveau de plus en plus élevé, par exemple en ayant accès à des sources de pouvoirs de plus en plus grandes.

Christoph
La capacité d'Edipios à révéler qui est Monostatos vient d'une de ses Singularités (c'est un type de Singularité appelée la Singularité de "Révélation"), donc elle est liée à ce qu'il est mais elle est en plus limitée en nombre (même en forçant au maximum, pas plus de cinq Singularités à la création d'un personnage). Je trouve très intéressante ton idée de liée la Révélation à un élément de révolte supplémentaire, je vais y réfléchir sérieusement. Ma première réaction serait que cela pourrait faire double emploi avec la Singularité de Révolte, mais rien n'est décidé.
J'ai tout révélé en plusieurs étapes à Julien quand Edipios a vu la déesse. C'était un élément m'appartenant (au moins au début), donc c'est moi qui ait raconté. Peut-être faudrait-il que je le précise dans les règles.
Tu as tout à fait raison en ce qui concerne la "conséquence" qui n'en est pas une (le joueur ne le savait pas au début de la scène, je l'ai inventé à la fin de la procédure et apparemment ça n'a gêné personne). Je vais ouvrir cette règle pour accueillir d'autres types de créations. Je pense appeler ça un "développement" ou quelque chose comme ça suggérant que ça peut être un ajout aux événements ou un ajout à l'univers.
Les règles permettent au joueur vainqueur d'un conflit de s'emparer jusqu'à la fin de la partie d'un élément du contexte immédiat.
Je n'ai pas appliqué cette règle, qui me semble trop lourde et trop imprécise. Elle est encore dans la version 2.1 des règles, mais elle aura disparu de la 2.2
En ce qui concerne la règle de caractère, oui tout peut être raconté (là j'ai raconté que le fidèle n'était que capturé en pensant à la règle explicite selon laquelle il faut rechercher des développements fertiles pour l'histoire). Est-ce que ça te semble inadéquat ?
Oui également à ta dernière question. Les étapes pour prendre définitivement un enjeu peuvent être discutées et élaborées ensemble (une autre règle à expliciter) et sont souples. Là aussi ton avis m'intéresse.

Fred, Fabien (Footbridge) et Aleksi (qui m'en a parlé ce week-end)
Je n'ai toujours pas de réponse claire pour les enjeux. Le test du week-end dernier à Poitiers renforce mon idée d'en proposer, de laisser les joueurs en proposer et de voir où ça nous mène: la partie a commencé avec des enjeux que j'apportais et finalement les joueurs se sont le plus intéressé à un enjeu que l'un d'entre eux avait proposé.
En préparer cinq à l'avance est très bien parce que ça permet d'avoir un peu de marge par rapport aux premiers développements de l'histoire et ce vers quoi les joueurs veulent se diriger; pour autant, il n'est pas nécessaire de tous les sortir et un seul sera vraisemblablement emporté à la fin. Très bien également.
Il faut que les joueurs aient le choix mais également qu'ils aient la possibilité de refuser les créations du meneurs et d'explorer les leurs. Cela suppose qu'aucun enjeu ne peut être subordonné à un autre.
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Re: [Monostatos] La déesse prostituée

Message par Christoph » 13 Mai 2011, 11:12

Salut Fabien

Je n'ai pas d'avis sur la question des enjeux, c'était juste une question de compréhension. La règle des caractères stipulant que tout développement doit être fertile est bonne dans l'esprit, mais je vois mal comment l'appliquer en réalité. Comment savoir a priori si quelque chose se révélera avoir été fertile par la suite ? Je ne sais pas s'il y a moyen de rendre ce critère explicite. Peut-être faut-il tenter une autre approche, dans l'idée de toujours respecter le caractère héroïque des PJ. Par exemple, si on veut leur faire un sale coup aux conséquences irréversibles, ils doivent avoir l'occasion de s'y opposer : c'est le cas pour l'enlèvement d'un suivant, pas pour un meurtre, qui serait peut-être à gérer par son propre conflit.

Concernant l'introduction post-conflit d'éléments censés être présent avant le conflit j'ai une attitude très tranchée. Je considérerais le coup du collier comme de la triche. En effet, comment un héros de ce jeu pourrait-il rater le fait que son interlocutrice (probablement légèrement vêtue en l'occurrence) porte un collier, orné de runes monostatiques de surcroît ? Un tel élément de connaissance aurait certainement changé mon approche du conflit. Le révéler après coup c'est faire passer mon héros comme maladroit. Trollbabes de Ron Edwards a une règle que je trouve excellente dans ces cas : avant le conflit on peut introduire toutes sortes d'éléments dans la scène (en fonction de qui a le droit sur quoi bien sûr), mais une fois la procédure lancée, la règle est « pas de nouvelles informations », sauf à la rigueur l'introduction d'un élément lié à un trait (utilisé pour des relances de dés), qui existe lui bel et bien avant le conflit, mais qui ne change pas fondamentalement le but du conflit, juste le comment. Ainsi, on a toutes les informations à disposition avant de se lancer dans le conflit, ce qui rend la procédure plus agréable pour les joueurs et diminue fortement les risques d'incohérences. Bien sûr, Monostatos est différent de Trollbabes, mais il me semble que quelque chose dans cet esprit-là est nécessaire à la plupart des jeux de rôle.

Concernant Edipios, est-ce qu'il y a eu un lancer de dé avant que tu ne révèles à Julien que le regard surnaturel de son personnage lui permette de réaliser que Shausa n'était pas humaine ? Ce regard est après-tout lié à une Singularité, et si le Morholt veut se battre, il lance des dés. Ou est-ce que tu as considéré que ce n'était pas une bonne occasion de lancer les dés, car un échec signifiait de rater le point d'entrée pour cet enjeu ? Comment le groupe aurait-il pu obtenir ces informations sans Edipios ?
Je ne te cache pas que Edipios me turlupine depuis le début. J'arrive pas à me débarrasser de l'idée que c'est lui le personnage principal et que les autres sont ses compagnons. Il y a toujours quelqu'un qui choisit ce personnage, non ?
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Re: [Monostatos] La déesse prostituée

Message par Aleksi » 13 Mai 2011, 11:36

Edipios est le personnage le plus social du groupe, c'est lui qui parle le plus souvent et qui a les plus gros arguments à l'encontre du Culte. Dans la partie que j'ai jouée hier, c'est le dernier personnage à avoir été pris, car deux joueurs hésitaient entre lui et la momie, personne n'a pris Maimenos. Cependant, les autres personnages ont eu pas mal de temps de parole, eux aussi. Le côté "compagnons d'Edipios" avait disparu, par rapport à la partie du week-end dernier.
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Re: [Monostatos] La déesse prostituée

Message par Fabien | L'Alcyon » 16 Mai 2011, 12:44

Salut Christoph et Aloïs merci de vos retours,

Tes deux premières remarques sont intéressantes, Christoph, parce qu'elles mettent en lumière deux problèmes en même temps qu'elles m'aident grandement à les résoudre.
Au fur et à mesure des parties avec la version 2.1 des règles, je me suis rendu compte de la difficulté de créer au pied lever des conséquences lorsqu'elles surviennent, en particulier des conséquences fertiles, d'où le fait que je me suis permis cette création supplémentaire dans la dernière partie contre laquelle tu me mets en garde.
Tes réflexions me poussent à ajouter à la règle des conséquences que celles-ci doivent rester des conséquences de l'action, mais, pour fertiliser l'imagination de celui qui les crée, je pose la contrainte qu'elles doivent « permettre et encourager la révolte future », soit par l'ajout de nouveau motifs de révoltes, soit par l'ajout d'une opposition supplémentaire (typiquement : on attire l'attention du Culte), soit par l'ajout de nouvelles motivations (les personnages sont révoltés par quelque chose de neuf). La première possibilité est ouverte autant aux joueurs qu'au meneur, la deuxième est réservée au meneur et la troisième aux joueurs.
J'espère pouvoir en plus dynamiser ainsi l'histoire en relançant en permanence ses possibilités. A tester.

Concernant ta remarque sur Edipios et l'amorce de l'enjeu, non, clairement son personnage n'a pas à lancer de dés pour utiliser son regard, pas plus que le Morholt n'a à lancer de dés quand il veut se battre. Il n'y a à lancer de dés que lorsque le joueur cherche à S'emparer d'un enjeu ou à Changer le monde ; la Singularité ne fait qu'apporter un bonus au résultat du jet de dés.
Par ailleurs, Monostatos n'est pas un jeu à secret, toutes les informations utiles au jeu doivent être disponibles rapidement pour les joueurs pour qu'ils embrayent sur les enjeux (un peu comme dans Dogs in the Vineyards). Peut-être que ça vaut le coup de le préciser ?
Effectivement Edipios est un outil utile pour révéler des informations, mais pas indispensable. Ici en l'occurrence j'aurais pu mettre l'accent sur la beauté surhumaine de la femme qui aurait poussé un personnage à s'y intéresser (on retrouve de vieilles discussions sur la notion de fascination) ou j'aurais pu amener la déesse à demander de l'aide aux personnages suite à leur exploits. Et même si les joueurs n'avaient pas accroché, j'avais d'autres enjeux dans ma besace et ils pouvaient en créer par eux-mêmes.

Personnellement, je n'arrive pas à voir Edipios comme un personnage central ou essentiel au groupe. J'ai vu beaucoup de partie qui ont bien fonctionné où il était présent sans pour autant être essentiel. Pour autant, il est vrai que c'est un personnage à part pour plusieurs raisons, mais cela n'invalide ni le personnage, ni sa dynamique dans le jeu.
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Re: [Monostatos] La déesse prostituée

Message par Frédéric » 16 Mai 2011, 14:00

Excellent ! "Ça ouvre", comme dirait Christoph (ce qui doit être pris comme un compliment, si j'ai bien compris). ^^
En ce qui concerne le fait que ce n'est pas un jeu à secrets et que les joueurs doivent avoir accès rapidement aux informations pour pouvoir aller dans le vif du sujet : bien sûr que tu dois le mettre dans les règles du jeu. Sauf si tu considère que ne pas jouer comme ça peut permettre une expérience de ton jeu également satisfaisante.
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