4.21 Sur les traces du poète.
Durée : 3
Difficulté des combats : 2
Difficulté des énigmes : 1
Background du scénario :
A la base du pôle Sud se cache, depuis plusieurs années, le fameux Wilfried Gabriel Anchors. (Les joueurs ne l’apprendront pas dans ce scénario, mais vous savez qu’il s’agit du fils caché de Sollipsis et de Finlongfinger, l’incarnation de la rune du Chaos.) Ce Wilfried est un poète dont les écrits sont dangereux. On dit qu’ils poussent au suicide chacun de leurs lecteurs. Wilfried passe donc le plus clair de son temps à créer de sublimes œuvres artistiques. Cependant, il ne les transmet jamais sous forme informatique. Il dispose d’un atelier secret, au pôle Sud, dans lequel il garde des réserves de papier pour rédiger ses œuvres mortelles.
Cette situation doit cesser. Néanmoins, peut-on le juger responsable de ces meurtres ? Après tout, ce sont les lecteurs qui se suicident, l’artiste n’a vraiment aucune culpabilité à tirer de cette situation. De toute façon, bien que le général Mordins encourage les militaires à le traquer, ce Wilfried semble protégé par une instance supérieure (comme vous le savez, c’est Gladius Sword qui défend le poète, un lien de fraternité secret les unit).
Enfin, (là encore les joueurs ne s’en rendront peut-être pas compte dès ce premier scénario) Wilfried est immortel, comme Sollipsis, Finlongfinger, Bran Oberon et Myphos Quadria. Si les joueurs décident de l’affronter, ce sera peine perdue, le PNJ sera toujours en mesure de fuir. Tel un aigle, il retournera se percher sur les tours du pôle Sud. Wilfried possède une voix caverneuse et grave. Son apparence est voilée par une écharpe miteuse. Il se considère comme un monstre de laideur. Il est albinos, ses yeux rouges et sa peau translucide laissent augurer une existence de peine et d’exclusion. Néanmoins, il se dégage de ce personnage une beauté fantastique et mystérieuse (il apparaît sur la couverture de ce présent livre). Il déteste le conseil de la Résistance et ne tient pas à participer, selon lui, au mal qu’il répand. Mais, sous ces allures misérables et catégoriques, nos PJ, apprendront que derrière le masque du chaos se cache un cœur tendre et sensible ouvert au changement.
Les PJ auront grand-peine à convaincre le poète : « il ne faut pas confondre la faiblesse du lecteur avec la force de l’auteur ». Enfin, ce Wilfried n’est pas encore près à accepter les bugs comme l’espoir de la Résistance. Comme il le dit lui-même : « le futur se conjugue au Chaos ». Comme nous le verrons dans un autre scénario, seule la mort du courageux Gladius Sword fera changer d’avis le rêveur des taudis. L’heure du changement de Wilfried n‘est pas encore arrivée et le seul moyen que trouveront les bugs pour empêcher les écrits de circuler sera de détruire les pages sur lesquelles il écrit ses « Murmures insolents » (il s’agit du titre du recueil de textes de Wilfried Anchors).
Situation initiale :
Cinématique n°1 :
Au dessus des halogènes des tours du pôle Sud se tient, tel un aigle, un individu à la peau translucide et aux yeux rougeoyant dans les ténèbres. La lumière en contre-bas lui donne des allures de gargouille sombre prête à bondir sur le monde.
Ses pensées s’élèvent dans le décor des taudis :
« Sollipsis pense que les êtres humains peuvent être sauvés grâce à leurs sens mais je sais que c’est faux. C’est parce que nous devons toucher que nous nous brûlons, c’est parce que nous devons goûter que nous nous empoisonnons, c’est parce que nous voyons que nous assistons à ce massacre... Les humains ont des sens mais leur vie en a-t-elle un ? »
« Cela fait maintenant 20 ans que je vis, sous les bombes impériales, sous terre, reclus tel un rat parmi les siens, au fin fond des abysses. Dans le lieu où je survis, la lumière n’apparaît jamais que sous la forme de monstrueux halogènes, perchés sur des tours de fer, telles des vautours charognards, elles attendent nos morts pour mieux se nourrir de nos déclins. A la périphérie de mon taudis, de gigantesques ventilateurs vomissent, jour et nuit, l’air chaud et moite que je respire, leur vacarme incessant ne me permet pas le repos que je mérite. Je me promène parmi ces ruines, ces misères. Les yeux ternes des Résistants m’observent, tel un coupable, il n’y a aucun moyen de leur échapper. Puis, je me poste au pied de la lourde porte qui clôt le couloir de la liberté pour y lire les mots hypocrites de Gladius Sword : « Hier nous vivions sur terre ; le monde supportait notre poids. Aujourd’hui, nous vivons sous terre, c’est nous qui devons, sur nos épaules, porter le poids du monde. La survie de la Terre dépend de notre entreprise. »
« Soudain, un enfant se retourne et me fixe, il prend une mine apeurée et me fuit. Je remarque alors que ma capuche a glissé sur mes épaules. Mes yeux rouges et ma peau translucide l’ont effrayé. Je la remet rapidement pour qu’il ne puisse en voir d’avantage et fuit, à mon tour, vers l’obscurité. Il est 23 heures, le couvre feu a sonné, toutes les lumières s’éteignent, seule reste illuminée la base militaire... »
Pendant ce temps, à la base militaire nos héros se préparent à prendre leur tour de garde. (NB : les PJS se connaissent très bien, à vrai dire, tous les bugs se connaissent voilà près de 17 ans qu’ils vivent tous ensemble.) Comme à leur habitude, ils commencent par sonder le tour de la base militaire, la forêt et l’hôpital. Les quartiers médicaux sont calmes cette nuit. (Jets de Vigilance + Chaos + Vue)
Puis ils entament, leur ronde dans les taudis. Comme toujours dans ces derniers, le couvre-feu est mal respecté. De pauvres malheureux s’entassent autour de braseros de fortune. En s’approchant d’un brasero, nos bugs surprennent une conversation, un vieil homme, mal rasé, harangue la petite troupe regroupée autour du brasero :
« - Pourquoi, ces gens auraient-ils plus de droits que nous ? Ils ont la chance de vivre dans cette base suréquipée, il y a bien de la place pour tous. »
Une voix surgit de la périphérie lumineuse du brasero, un homme, vêtu d’une toge noire, se tenant bras croisé, une capuche recouvre son visage (Wilfried) :
« - Tu n’as donc rien appris, en vivant avec ton désespoir : il ne faut jamais mordre la main de celui qui te donne à manger.
- Qui t’es, toi ?! Le donneur de leçon ! Vous avez vu les gars comment il me parle ce mec-là ? »
Les bugs peuvent intervenir. Wilfried fuit, l’autre tente de le poursuivre pour lui faire la tête au carré. La colère gronde, une bagarre se prépare. Les bugs doivent restaurer l’ordre. (Jet possible : Psychologie ou empathie + Cosmo ou Life + Goût)
Les bugs parviennent plus ou moins à « calmer le jeu ». Leur ronde se poursuit. Ils continuent en périphérie vers les places où quelques ivrognes se retrouvent, le soir, juste à côté des bars clandestins bien connus des services de la Résistance. Dans une des tavernes, un groupe a réuni suffisamment d’instruments de musique pour entamer un air de RADIOHEAD : « life in a glass house ».
Evénement déclencheur :
Les bugs attendent la fin du morceau, s’octroyant un moment de repos avant de reprendre leur route. A la fin, lorsque le bar se vide, une femme sort avec empressement, elle porte des papiers dans ses mains. Les bugs sortent à leur tour. Ils passent devant la porte de la Liberté. Il est écrit les mots de Gladius « Hier nous vivions sur terre ; le monde supportait notre poids. Aujourd’hui, nous vivons sous terre, c’est nous qui devons, sur nos épaules, porter le poids du monde. La survie de la Terre dépend de notre entreprise. » Au pied de la lourde porte, tournée vers le métal, la femme du bar est à genoux. Un grêda sur la tempe, prête à tirer le coup fatal. Les Bugs ont à peine le temps de bouger ; elle se tire une balle. A ses côtés, tombent quelques poèmes. Ils sont signés « l’Ange » et nommés : « Murmures insolents ».
Un jet d’Histoire + Life + Ouie, devrait rafraîchir la mémoire d’un des PJ. Il a entendu parler de ces suicides causés par cet ouvrage. Cette femme n’est pas la première victime. (Jet d’Investigation + Chaos + Toucher) En fouillant son corps, nos PJ retrouvent son identité. Elle s’appelle Alissa Parker et vivait dans la tour Alpha du pôle Sud, dans l’appartement 127. Nos PJ préviennent le centre médical afin que ce corps soit incinéré. Mordins les contacte par diadème et leur confie la mission délicate de prévenir ses parents et d’enquêter sur ce suicide : « Ce criminel doit payer ! Vous avez 12H pour me le ramener… Nous le voulons vivant ! ». Les militaires relaieront, les Bugs pour cette nuit.
Le développement :
Chez les parents : Les PJ se rendent chez les parents de la pauvre enfant. Ils prennent l’élévateur jusqu’au dernier étage et sonnent à l’appartement 127. Les parents (la soixantaine) ne dorment pas, ils viennent de finir un maigre repas. Ils les accueillent en princes. Ce n’est pas tous les jours que les bugs, ces héros, se déplacent chez les gens. Au début, ils sont véritablement heureux de les inviter à prendre un petit rafraîchissement. Mais l’ambiance tourne au mélodrame lorsque les bugs leur apprennent la terrible nouvelle. S’ils demandent à visiter la chambre de leur fille, les parents sont réticents. Cependant, le coupable de ce suicide doit être retrouvé. (Psychologie + Life + Goût) Les parents finissent par s’exécuter, convaincus qu’ils apporteront de l’aide aux bugs dans la recherche du poète.
Dans la chambre : Les bugs pénètrent dans une petite chambre hantée par le malheur. La fenêtre est ouverte. Sur le lit, une poupée aux yeux vraisemblablement arrachés de colère. Sur les murs, battues par un courant d’air, des feuilles épinglées bruissent avant de retomber dans le silence. Des poèmes ! des dizaines de poèmes ! tous issus des « Murmures insolents » ! (Jet d’Investigation + Chaos + Toucher) Les bugs retrouvent un journal intime, lui aussi en papier. Ils y lisent l’adresse d’un historien bouquiniste. Vraisemblablement c’est lui qui fournissait les poèmes à la petite Alissa. Il est peut-être temps de rendre une petite visite à ce bouquiniste.
Le bouquiniste : Le bouquiniste s’appelle Frey Devon, aussi surnommé « l’aveugle », en raison de sa cécité. Il habite au rez-de-chaussée de la tour Sigma du pôle Sud, les bugs doivent s’y rendre. Lorsqu’ils arrivent sur les lieux, il est très tard, le bonhomme, noir de peau, est en robe de chambre, il porte des lunettes de soleil. Ces lents déplacements sont assistés d’une petite canne de bois. Son appartement est relativement luxueux, tout autour de lui se trouvent quelques vieux livres, pour la plupart usés et incomplets :
« - Etes vous Frey Devon ?
- C’est moi-même… Et que lui voulez-vous à ce Frey Devon ? »
Les bugs lui parlent de leur enquête et de la pauvre Alissa. Le vieil homme retire ses lunettes de soleil, ces yeux sont en parfait état. Il n’est pas plus aveugle que vous et moi !
« - Ce sont les seules lunettes de vue qu’il me reste… Faites voir ces poèmes… »
Après observation, il lui semble les reconnaître. Il explique aux PJ qu’Alissa Parker aimait la poésie et qu’il lui avait vendu ces poèmes. C’est un gars se surnommant « l’ange » qui, à l’origine, les avait confiés au bouquiniste. (Jet Empathie + Life + Vue) Le bonhomme semble en savoir plus. Après que vos PJ l’aient un peu cuisiné, il révèle que le véritable nom du poète est Wilfried Gabriel Anchors et qu’il travaille dans un atelier secret dans le sous-sol de la Tour dzêta. (Histoire + Life + Intuition) Le nom de Wilfried Anchors rappelle des souvenirs aux PJ, n’est-il pas un membre du conseil ? Bref, membre du conseil ou pas, le poète doit payer ! Les Bugs se rendent à la tour dzêta…
L’imprimerie secrète : Ils arrivent devant la tour, plusieurs motos son garées devant le rez-de-chaussée. Pendant une fraction de seconde, il a semblé à l’un des PJ avoir aperçu, sur le sommet d’un halogène, quelque chose bouger. Un coup d’oeil approfondi dément ces informations. Les bugs prennent l’élévateur en direction du sous-sol. Dans les méandres des couloirs sombres, ils découvrent l’atelier du poète. Au loin, ils entendent l’élévateur remonter ! Ils se précipitent au dehors de la tour et s’aperçoivent qu’un homme aux cheveux blancs est en train de s’enfuir sur une des motos. Lui tirer dessus ne changerait rien, il est déjà trop loin. Un coup de laser suffirait à « emprunter » une des motos. (Un jet de Sécurité ou Electronique + Creation + Toucher, pour la faire démarrer.) Un pilote expérimenté pourra le rattraper (des jets de Pilotage + Chaos + Toucher sont nécessaires pour rattraper Wilfried.) Une course poursuite acharnée s’engage dans les taudis, esquiver les habitations de fortune, les braseros et les ivrognes n’est pas chose facile… Au bout de quelques minutes, les bugs sont semés. (Sauf s’ils font de très bons jets de Pilotage, auquel cas n’hésitez pas à faire une petite confrontation entre les Bugs et Wilfried. Cependant dans tous les cas le larron parvient à s’enfuir…)
La résolution :
La nuit est passée, les bugs rentrent « bredouilles ». Ils ne leur reste plus qu’à faire un rapport sur l’enquête. Mordins s’est absenté, il faut donc s’adresser au général Sword (ça tombe bien, les bugs sont beaucoup plus proches de Gladius que de Mordins. Rappelez-vous que tous les bugs le considèrent un peu comme un père). Les Bugs vont dans son bureau lui expliquer leur mission et la poursuite… Gladius récupère les rapports, les pièces à conviction et l’adresse de l’atelier. Il ne manque pas de les féliciter pour leur travail :
« - Bravo messieurs. Nous coincerons ce Wilfried plus tard. »
Les bugs peuvent prendre un repos bien mérité.
Cinématique n°2 :
Lorsque les bugs ont franchi la porte du bureau du général. Ce dernier regarde pendant quelques temps les pièces à conviction. Son visage est celui d’un homme triste de trahir le travail de ses hommes… Cependant, après quelques minutes, il détruit les disquettes contenant les rapports, ainsi que les extraits des « Murmures insolents ».
« - Navré, bugs… mais votre enquête n’aboutira pas… comme toutes les autres sur Wilfried… je regrette…»
FIN du scénario…