Oh tiens, je viens de me souvenir d'un super exemple de la part esthétique dans une partie simulationniste :
Dans la
partie de BPRD à laquelle j'ai joué à Rennes, maîtrisée par Le Grümph et dont paradoks et orféo faisaient partie en tant que joueurs, il y a eu un moment super intéressant :
Nous poursuivions quelqu'un dont les indices laissaient penser qu'il s'agissait d'une possible créature et qui était responsable d'un crash d'avion pour le vol de mystérieuses tablettes si mes souvenirs sont exacts.
Une partie du groupe a décidé de suivre les traces et de lui courir après. Un joueurs (chais plus lequel) et moi avons plutôt décidé de prendre l'hélico. Nous avons rattrapé nos camarades et nous sommes rendus à l'endroit le plus proche pour nous poser, qui s'avérait être sans aucun doute la destination de notre fugitif.
Là il y avait une ancienne mine dont l'entrée était bloquée.
Il arriverait sûrement par là, on l'y a donc attendu. Une silhouette nous indiquant que nous avions vu juste apparaît au bas de la colline où nous nous trouvions, et là, l'un des personnages était un gros balèze plutôt fort en baston, il a décidé de se mettre devant l'entrée de la mine, debout, les bras croisés prêt à le dérouiller (ce qu'il a fait avec brio dans les minutes qui ont suivi), alors que les moins combattants d'entre nous avons cherchés à nous dissimuler un minimum, juste pour bénéficier d'un petit effet de surprise.
Et alors ?
La description de la façon dont le gros baraqué attendait avec assurance notre cible, sans prendre la peine de se cacher... ce n'est pas tactique, ça n'est pas un défi pour le joueur, ça ne questionne pas sur le sens des actes... c'est esthétique. Il a fait une proposition qui renforçait la couleur Pulp de notre partie et j'avoue que je n'y ai pas été insensible.
Là, rapporté comme ça, c'est un peu maigre, moi j'ai carrément trouvé ça hyper classe et c'était la preuve qu'on était à l'aise dans nos costumes de "héros qui en ont vu d'autres".
La crédibilité tenait au fait que vu la puissance de son personnage, il n'y avait pas de problème pour qu'il agisse ainsi. Dans un Cthulhu, qu'un médecin fasse ça et on se dirait qu'il est suicidaire, inconscient ou que le joueur a trop regardé James Bond.
Un autre joueur possédait un personnage qui avait deux personnalités : une plutôt intelligente et faible en baston, l'autre à l'opposée. Le joueur avait le droit de choisir quand son personnage passait de l'une à l'autre sans contraintes. Le joueur a décidé que son personnage ne contrôlait rien et a pris un grand plaisir à crédibiliser son dédoublement de personnalité en l'utilisant presque tout le temps à contre emploi, il a fallu attendre la fin de la partie pour que soudain, il choisisse enfin la personnalité adaptée pour le combat, alors que pendant 70% des bastons (toutes les autres) il a du se planquer parce qu'il avait décidé de lui faire endosser la personnalité d'intello faiblard. Cette volonté insistante de ne pas abuser d'un pouvoir donné au joueur pour renforcer la qualité de la fiction et la crédibilité du personnage, c'est carrément simulationniste comme attitude et d'ailleurs, les autres joueurs et moi-même étions très amusés par ses choix de personnalité au "mauvais timing" (il me semble même qu'il commençait à porter un surnom du type : "le mec inutile" ou un truc dans le genre).
Maintenant, imaginez les mêmes comportements dans une partie qui se voudrait ludiste, ça ferait chier tout le monde, car ça saboterait clairement les chances de victoire et ce serait pris comme de "l'anti-jeu". (Sauf si le-dit jeu valorise le fait de se mettre en danger dans les épreuves : plus je me mets dans une situation pourrie et plus je gagne d'xp si je m'en sors, ça pourrait le faire grave !)